URIBE VÉLEZ ÁLVARO (1952- )
Álvaro Uribe Vélez fut le président de la Colombie de 2002 à 2010.
Il est né à Medellín le 4 juillet 1952 dans une famille prospère, liée de longue date au Parti libéral (P.L.). Brillant étudiant, il obtient le titre d'avocat à l'université d'Antioquia avant d'entamer sa carrière publique en 1976. Son ascension est rapide grâce au soutien des chefs du libéralisme. À vingt-huit ans, il est directeur de l'Aviation civile colombienne, et deux ans plus tard il est élu maire de sa ville natale. Il doit pourtant démissionner après quatre mois, en raison d'un conflit avec le gouverneur du département. Le 14 juin 1983, son père est tué par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (F.A.R.C.) au cours d'une tentative d'enlèvement, et son frère Santiago est grièvement blessé. Uribe a souvent invoqué ces événements tragiques pour expliquer sa politique antiguérilla, notamment lors de ses campagnes électorales.
Rompant en 1986 avec son mentor politique, Bernardo Guerra, il crée sa propre formation, Sector democrático, au sein du P.L. Élu sénateur, il se fait remarquer pour ses capacités de travail et l'austérité de son style de vie qui rompt avec une classe politique jugée corrompue et frivole. Il soutient le vote d'importantes lois néolibérales qui visent à rendre le marché du travail plus flexible et réduisent des avantages sociaux concernant les retraites et l'assurance-maladie. Gouverneur de l'Antioquia à partir de 1994, il réduit le nombre de fonctionnaires de 60 p. 100. À ce même poste, il soutient la création du réseau Convivir qui organise des civils en groupes d'autodéfense et d'information pour lutter contre les guérillas. Mais certains Convivir sont infiltrés par les paramilitaires et donnent lieu à des dérives mafieuses. Bien que soupçonné de connivence avec ceux-ci, Uribe assoit sa réputation de fermeté vis-à-vis des acteurs armés d'extrême gauche.
La ligne dure adoptée par Uribe est favorisée par le contexte de l'échec des pourparlers entre le président Andrés Pastrana, élu en 1998, et les F.A.R.C. à qui le gouvernement avait accordé une zone démilitarisée en signe de bonne volonté, ainsi que celui du massacre de Bojayá le 2 mai 2002, au cours duquel les guérilleros tuent cent dix-neuf villageois du Chocó. Candidat indépendant à l'élection présidentielle de 2002, il remporte le scrutin dès le premier tour avec 53,1 p. 100 des voix contre les candidats des deux partis historiques, libéral et conservateur. Son mandat est marqué par la mise en place d'un plan de « sécurité démocratique » visant la défaite militaire des guérillas comme préalable à toute négociation de paix. Les États-Unis soutiennent son gouvernement, notamment par l'intermédiaire des subsides militaires du Plan Colombia (plan antidrogue depuis 1999), qui permettent aux forces armées d'augmenter leurs effectifs d'un tiers. À la fin de 2002, la loi Justice et paix prévoit la démobilisation des groupes paramilitaires réunis dans l'organisation Autodéfenses unies de Colombie (A.U.C.) en échange d'une amnistie partielle. Les repentis indiquent l'existence de charniers dans tout le pays qui compteraient plusieurs milliers de personnes assassinées par les A.U.C. Le recul des actions des guérillas, des paramilitaires et de la criminalité ordinaire – les assassinats passent de 29 000 en 2002 à 17 000 en 2005 – permet au président d'obtenir 60 à 70 p. 100 d'opinions favorables dans les sondages. Cette popularité jamais démentie lui donne la force politique nécessaire pour amender la Constitution de 1991 afin de pouvoir accomplir deux mandats consécutifs.
À la tête d'une coalition rassemblant sa propre organisation, le Parti de l'unité nationale et sociale, le Parti conservateur, le Changement radical et trois[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Clément THIBAUD : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes
Classification
Média
Autres références
-
COLOMBIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Marcel NIEDERGANG , Olivier PISSOAT et Clément THIBAUD
- 13 648 mots
- 5 médias
...les plaines du Caquetá et du Meta. L'échec de cette stratégie, lié notamment à l'absence de cessez-le-feu, permit à un outsider de tradition libérale, Àlvaro Uribe Vélez, d'accéder en 2002 à la présidence, face aux représentants des partis traditionnels. Celui-ci a mené une politique fondée sur la lutte... -
PASTRANA ANDRÉS (1954- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 687 mots