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HANSEN ALVIN HARVEY (1887-1975)

À partir des années 1930, beaucoup d'auteurs se montrèrent préoccupés par une crise qui s'aggravait et se prolongeait. À la question fort déprimante de la survie du capitalisme, Alvin Hansen, professeur d'économie à Harvard, et d'autres auteurs américains (B. Higgins, A. Sweezy), répondirent par la thèse de la maturité économique.

Reprenant l'idée de Werner Sombart, selon laquelle le capitalisme moderne avait perdu le caractère dynamique et conquérant qui l'avait mené à son apogée, et conscient que les modifications de l'environnement étaient responsables de cet affaiblissement, Hansen affirma que le développement économique ne pourrait plus se poursuivre au même rythme que dans les décennies précédentes. L'explication de la stagnation, dont il situait le début en 1917, reposait sur trois arguments : les possibilités d'expansion géographique paraissent désormais limitées, et avec elles les chances de débouchés nouveaux et donc les occasions d'investissements ; les techniques nouvelles exigent moins de capital et le rythme des grandes innovations est très irrégulier, ce qui limite aussi les occasions d'investir ; enfin, le déclin du taux d'accroissement démographique et l'évolution vers la stabilisation de l'effectif de la population entraînent un ralentissement de l'essor de la production, de la consommation et des investissements. Et, dans ces conditions, seules les dépenses gouvernementales stimulent encore la croissance au détriment du vieux système de la libre entreprise. Il apparaîtrait ainsi un capitalisme venu à maturité et contrôlé par l'État.

Dans son ensemble, cette théorie de la maturité, spécifiquement américaine, reste très discutable. Si les occasions d'investissements risquent de s'amenuiser, ce ne sera qu'à très long terme ; de nouvelles possibilités de progrès peuvent se présenter, par exemple l'exploration et l'utilisation de l'espace, le développement de régions sous-évaluées, le relèvement des niveaux de vie insuffisants, et d'autres, aujourd'hui encore inconnues. Le mérite de Hansen reste cependant d'avoir attiré l'attention sur le rôle de la croissance démographique dans la croissance économique en tant que stimulant fondamental de l'investissement. Contrairement aux craintes de Malthus, l'accroissement régulier et raisonnable de la population d'une nation serait la garantie la plus sûre de poursuivre la croissance en stimulant la demande et la production.

— Jean-Paul HUET

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