- 1. Origine des A.M.A.P.
- 2. Contrat de base et fonctionnement d’une A.M.A.P.
- 3. Les A.M.A.P., un monde d’associations en évolution permanente
- 4. Les questions posées par les élargissements sociologiques et géographiques des A.M.A.P.
- 5. Apports et limites des A.M.A.P. dans l’évolution des régimes alimentaires
- 6. Bibliographie
AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne)
Les A.M.A.P., un monde d’associations en évolution permanente
Depuis le début des années 2000, le nombre des A.M.A.P. en France a véritablement explosé et l’on constate désormais une diffusion sur l’ensemble du territoire national – alors qu’au départ les régions du sud de la France étaient principalement concernées. Pourtant, bien des A.M.A.P. ont également disparu, avant de renaître parfois. Compte tenu de ce renouvellement permanent, il est impossible de fournir un nombre précis des A.M.A.P. françaises, tout comme des C.S.A. américaines. En 2013, on estimait qu’il existait entre 1 500 et 2 000 A.M.A.P. en France. Aux États-Unis, où elles sont plus particulièrement nombreuses dans les grandes aires métropolitaines de la côte du Pacifique (en particulier en Californie) ainsi que dans celles du nord-est du pays, les C.S.A. se comptent par milliers.
Malgré les difficultés rencontrées pour tenir à jour un recensement précis de ces associations, il est certain que ce phénomène est en croissance rapide. Pour la seule région Île-de-France, le nombre d’associations de type A.M.A.P. était estimé pour l’année 2013 à environ 300, alors que la première d’entre elles, dans cette région, n’a été créée qu’en 2003. D’où le problème auquel se heurte l’idée de rassembler au sein d’une fédération unique des associations dont le nombre augmenterait en Île-de-France d’environ 50 par an.
Le terme A.M.A.P. est en fait une marque déposée en 2003 auprès de l’I.N.P.I. (Institut national de la propriété industrielle) par le groupe Alliance Provence. Ce dernier rassemble des A.M.A.P. pionnières de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui s’étaient constituées en réseau. Cette marque déposée est régie par un ensemble de normes, inscrites dans une charte, où figurent en particulier les 18 principes fondateurs à respecter pour obtenir l’affiliation et la référence A.M.A.P.
La nécessité d’un lien très fort avec l’agriculture paysanne locale est soulignée à plusieurs reprises dans cette charte, de même que celle d’une production agricole de dimension humaine, respectueuse de l’environnement et de l’animal, et veillant à la bonne qualité des produits. La proximité et la solidarité entre producteur(s) et consommateurs, ainsi que la définition d’un « prix équitable », figurent aussi en bonne place. L’agriculteur doit informer périodiquement les consommateurs sur les travaux effectués et l’évolution des cultures. Les consommateurs, quant à eux, doivent participer activement au bon fonctionnement de l’A.M.A.P.
Certaines associations fondées sur le respect d’une partie seulement des différents points de cette charte ne peuvent pas, en théorie, faire partie du réseau A.M.A.P. La mise en place de liens solidaires effectifs entre tous les acteurs apparaît souvent difficile à réaliser. L’évaluation précise du degré d’engagement dans les réseaux militants et l’économie solidaire demeure en outre malaisée compte tenu de la diversité des situations et de leurs évolutions quasi permanentes.
Dans ce contexte, il peut arriver que l’utilisation de l’appellation A.M.A.P., en principe non autorisée, soit malgré tout mise en avant par certaines associations. Le sigle A.M.A.P. tend alors à devenir un terme générique associé à tout mode de commercialisation en paniers, sans référence à la charte initiale. D’où un risque réel de récupération par des circuits commerciaux mettant en avant des images de proximité, de qualité et de terroir, sans reprendre à leur compte l’ensemble des contraintes économiques, sociales et environnementales qui figurent dans la charte des A.M.A.P. La commercialisation directe en paniers, qui se développe aujourd’hui, est loin d’être uniquement le fait d’A.M.A.P. membres du réseau.
Parallèlement à cette concurrence commerciale se profile en arrière-plan[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
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AGRICULTURE DURABLE
- Écrit par Jean-Paul CHARVET
- 5 444 mots
- 10 médias
...considérations éthiques, comme celle des « locavores », c’est-à-dire des citoyens qui cherchent à acquérir les produits alimentaires qu’ils consomment au plus près de leur lieu de résidence.Les A.M.A.P., qui s’inscrivent dans cette démarche de proximité, font souvent une large place aux produits « bio ».