- 1. Origine des A.M.A.P.
- 2. Contrat de base et fonctionnement d’une A.M.A.P.
- 3. Les A.M.A.P., un monde d’associations en évolution permanente
- 4. Les questions posées par les élargissements sociologiques et géographiques des A.M.A.P.
- 5. Apports et limites des A.M.A.P. dans l’évolution des régimes alimentaires
- 6. Bibliographie
AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne)
Les questions posées par les élargissements sociologiques et géographiques des A.M.A.P.
Les profils socioculturels des « consom’acteurs » membres des associations de type A.M.A.P. apparaissent certes assez divers mais avec cependant une surreprésentation de catégories sociales relativement aisées financièrement aussi bien en France qu’aux États-Unis. Comment permettre à des catégories sociales moins favorisées de bénéficier de ces produits locaux ? Quelques rares A.M.A.P. tentent de répondre à cette question en abaissant les prix d’achat des paniers. Une solution plus globale a été mise en place aux États-Unis dans le cadre de la nouvelle loi d’orientation agricole (le Farm Bill de 2014) : parallèlement à des soutiens accrus aux marchés de producteurs et au développement de circuits courts, il est désormais possible de prépayer des achats de fruits et légumes effectués auprès de C.S.A. avec les cartes électroniques E.B.T. (electronicbenefit transfert) quisontdistribuéesauxpopulationsdéfavoriséesetquiontprislasuitedes tickets alimentaires (foodstamps). Rappelons qu’en 2014 la distribution de ces cartes électroniques aux catégories sociales défavorisées a concerné 48 millions de personnes, soit environ 20 p. 100 de la population américaine. Du côté des producteurs, il existe depuis 2013 aux États-Unis un programme de microcrédit (Micro Loan Program) ayant pour objectif de faciliter l’installation, sur des exploitations maraîchères de quelques hectares, d’agriculteurs qui commercialisent leurs productions au travers de circuits courts. Toutes ces mesures visent donc à encourager ce type de circuit et à inciter l’ensemble de la population américaine, y compris les plus pauvres, à consommer davantage de fruits et légumes. L’université d’État de l’Iowa, pourtant située en plein cœur du Corn-Soy Belt (région de production intensive de maïs et de soja), a décidé de soutenir le développement de C.S.A. ayant passé des contrats avec de petits producteurs locaux installés en maraîchage sur quelques hectares seulement, en mettant en place pour ces derniers un food hub, c’est-à-dire un centre de collecte et de redistribution de produits alimentaires leur permettant d’écouler leurs excédents de production.
Depuis la création des premières A.M.A.P., la notion du « local » a évolué, apparaissant de plus en plus à géométrie variable. Ainsi, pour les A.M.A.P. franciliennes, elle peut déborder très largement les limites administratives de la région Île-de-France et s’étendre à l’ensemble du Bassin parisien, voire jusqu’à la Bretagne (pour la viande) ou la Bourgogne et la Provence (pour le vin). L’image du bio tend alors à supplanter celle du local, en oubliant « l’envolée des kilomètres alimentaires ».
Ces dimensions territoriales extensibles constituent de façon évidenteune porte ouverte à l’affaiblissement des relations directes entre producteurs et consommateurs. En Île-de-France, des entreprises qui peuvent être basées à Rungis et dont la logistique constitue le métier de base distribuent de plus en plus de « paniers » remplis, en outre, de produits souvent importés. Elles ont souvent comme principaux clients des comités d’entreprise. Une enquête menée en 2009 a montré que deux d’entre elles distribuaient autant de paniers que l’ensemble des A.M.A.P. franciliennes. Le modèle du panier, plus ou moins inspiré du modèle A.M.A.P., mais nettement moins contraignant, tend de plus en plus à s’imposer.
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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AGRICULTURE DURABLE
- Écrit par Jean-Paul CHARVET
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...considérations éthiques, comme celle des « locavores », c’est-à-dire des citoyens qui cherchent à acquérir les produits alimentaires qu’ils consomment au plus près de leur lieu de résidence.Les A.M.A.P., qui s’inscrivent dans cette démarche de proximité, font souvent une large place aux produits « bio ».