AMARU
L'une des œuvres majeures de la poésie lyrique sanskrite porte le nom d'Amaru-Shataka (amaruśataka), c'est-à-dire les « Cent Poèmes attribués à Amaru ». Il s'agit d'une série de strophes de mètres variés, dont chacune tend à l'autonomie, comme il est de règle en sanskrit, qui sont composées et disposées selon un art parfait et visent à susciter chez le lecteur des émotions diverses mais ont toutes pour point de départ une situation (ou une image) à caractère érotique.
On retrouve à ce sujet les éléments d'une controverse qui se rencontre fréquemment lorsqu'il s'agit d'interpréter les œuvres artistiques (musique, sculpture, poésie) d'inspiration hindoue : pour les uns, elles ne sont que la manifestation du plaisir amoureux, sous sa forme la plus réaliste et relèvent donc d'une esthétique de cour ; selon d'autres, ces mêmes œuvres sont à lire sur deux registres, le second étant philosophique, ou religieux. Dès lors, les amours terrestres deviennent l'image des rapports dévots de l'âme humaine avec Dieu. C'est ainsi que la tradition brahmanique fait d'Amaru une incarnation (avatāra) du philosophe Shankara (Śaṅkara).
Cette assertion peut du moins être utilisée comme point de repère chronologique : Shankara ayant vécu au viiie siècle, Amaru lui serait postérieur. Pourtant, tout invite à situer le poète à une époque plus ancienne (vie ou viie s. ?) ; certains font même de lui un contemporain de Kālidāsa (ive-ve s. ?).
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
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