AMASIS PEINTRE D' (3e quart VIe s. av. J.-C.)
Au début du ~ vie siècle, la production céramique demeure encore en Attique sous l'influence de l'art orientalisant et des peintres corinthiens. C'est en effet à Corinthe que les ateliers d'Athènes empruntent la technique de la figure noire et les animaux fantastiques qui constituent alors l'élément principal du décor attique. Mais déjà les formes sont différentes, et l'on voit éclore toute une série de grands vases qui ornent les tombes aristocratiques. C'est seulement vers le milieu du siècle, après ces années de fabrication relativement abondante puisque les exportations ont commencé, mais où la qualité du décor ne permet pas de citer d'œuvres de premier plan, que s'épanouit la grande céramique attique à figures noires.
L'un des principaux artistes est le Peintre d'Amasis, dont on peut situer la période de production entre ~ 560 et ~ 525 environ. Son nom semble être la forme hellénisée d'Amosis, patronyme très répandu en Égypte. Son œuvre paraît plus originale que celle de son contemporain Lydos. En effet, le Peintre d'Amasis qui fait son apprentissage à Athènes, dans les ateliers des peintres de coupes de Siana et auprès du Peintre de Heidelberg, présente des particularités qui ne sont pas caractéristiques de la technique céramique qu'il utilise et qui seront plutôt celles de la figure rouge qui viendra par la suite.
Ce peintre, qui fut suivi par de nombreux disciples, nous a laissé plus de cent vases aux formes variées : petites amphores, œnochoés, olpès, lécythes, coupes, dont les dimensions se prêtent aisément à un style de tendance miniaturiste, qu'avait d'ailleurs annoncé le vase François de Clitias et Ergotimos. Il semble ne pas avoir décoré d'hydrie ni de cratère. Seules huit signatures nous sont conservées.
Le répertoire du Peintre d'Amasis s'inspire volontiers des thèmes dionysiaques, comme le montre, par exemple, l'amphore conservée au cabinet des Médailles à Paris. Il trouve d'autres sujets dans la vie quotidienne, dont certains détails nous sont ainsi connus grâce à lui : exercices de voltige au manège (coupe de New York), fileuses au travail, noce populaire, retour de chasse, etc.
La série dionysiaque présente des compositions claires, de type paratactique, tandis que les thèmes de la vie quotidienne sont traités selon des schémas plus complexes. L'extrême vivacité des figures se joint à un léger maniérisme.
L'évolution de l'œuvre du Peintre d'Amasis se remarque à la fois dans les formes des vases et dans le style des figures et du décor ornemental. Certaines de ses recherches dans le rendu des personnages font de lui un peintre à figures noires qui ne se contente pas de l'incision comme élément majeur et traditionnel du dessin, mais qui utilise audacieusement la peinture rouge pour éclairer le visage d'une sirène ou d'une déesse et qui, sur certains vases tardifs, représente le corps féminin au moyen d'un simple contour.
Il semble avoir particulièrement aimé traiter avec une extrême minutie les armures, les vêtements rebrodés, les plissés ondoyants, les ourlets ornés de franges, les bijoux, les chevelures aux boucles abondantes. Ses silhouettes sont élastiques, ses visages aigus.
Le Peintre d'Amasis a influencé toute une école de style miniaturiste qui a accentué son maniérisme. Par son originalité et son audace, il s'oppose à l'autre grand courant stylistique contemporain, plus traditionnel, qui aboutira au classicisme attique et dont Exékias est le meilleur représentant.
Il a parfois travaillé lui-même comme potier pour Lydos, mais également pour un peintre de coupe à figures rouges, ce qui permet de situer avec une précision relativement bonne la période durant laquelle il a exercé son art.
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Écrit par
- Martine Hélène FOURMONT
: archéologue, rédacteur en chef de la
Revue archéologique , ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique
Classification
Média
Autres références
-
GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - Les arts de la Grèce
- Écrit par Pierre DEVAMBEZ et Agnès ROUVERET
- 18 518 mots
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Il n'est pas question d'énumérer les peintres les plus remarquables, Exékias, Amasis, ni leurs émules : le nom de certains d'entre eux est connu, car ils signent volontiers leurs œuvres, à la fois par fierté et pour répandre dans la clientèle le nom de la firme pour laquelle ils travaillent. Il suffit...