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AMAZONE, fleuve

Le régime

Le régime de l'écoulement est mal connu, surtout pour ce qui concerne le bassin supérieur. La rétention nivale joue un rôle dans la formation du régime de ces torrents montagnards, et la libération des eaux de fonte contribue à placer à la fin du printemps austral (novembre) le début de la période des hautes eaux. Celles-ci, soutenues par des précipitations, relativement abondantes tout au long de l'été, se prolongent jusqu'en avril. Pourtant, en raison des faibles quantités précipitées dans l'année (de 500 à 900 mm, entre 3 000 et 4 500 m d'altitude), le module relatif reste modeste.

Cette influence nivale s'estompe rapidement en plaine, en même temps que s'accroît brusquement le module, sous l'influence des pluies diluviennes qui s'abattent sur l'Amazonie, dès que cesse l'effet d'abri de la montagne andine. L'Amazone moyen, le Solimões, draine une vaste région forestière, abondamment arrosée par des précipitations de convection, présentant deux maximums dans l'année, au moment des équinoxes de printemps et d'automne. L'absence de toute saison sèche et la saturation constante des sols qui entraîne l'écoulement rapide des eaux précipitées laissent supposer l'existence, sur le fleuve, des deux pulsations annuelles caractéristiques des régimes équatoriaux.

Mais ce régime se modifie très vite pour ne plus présenter, dans le cours inférieur du fleuve, qu'un seul maximum. Les hautes eaux se placent de mai à juin à Obidos, en aval de la confluence du rio Negro et de la Madeira ; d'avril à juin, à la tête de l'estuaire. Les données d'observation disponibles laissent subsister bien des incertitudes sur les raisons d'une évolution strictement inverse de celle de l'autre grand fleuve équatorial, le Congo. Les différences de régime pluviométrique dans les deux grandes cuvettes forestières en sont en partie responsables. L'Amazonie ne connaît de régime à deux maximums que sur une faible superficie, dans la partie la plus intérieure du bassin. Partout ailleurs, et jusque sous l'équateur même, à l'aval de Manaus, règne un climat pluviométrique de type tropical, avec un seul maximum, disposé dans le temps de manière symétrique par rapport à la date du solstice d'été de l'hémisphère, et dont la durée décroît lorsque augmente la distance à l'équateur. Les pluies tropicales boréales n'exercent qu'une influence minime sur le régime du fleuve en raison de la dissymétrie du réseau amazonien : les affluents austraux drainent les neuf dixièmes du bassin. C'est pourquoi la poussée des eaux estivales australes commande le régime, à la différence du Congo, où apports austraux et boréaux s'équilibrent dans un régime à deux maximums. Ici, les plus gros débits atteignent le fleuve au début de l'automne austral, retardés par la pente infime du lit et la largeur du champ d'inondations. L'effet de la baisse des débits des grands affluents méridionaux, à la fin de l'automne austral, est contrecarré par la restitution des eaux d'inondation, puis par l'apport des pluies d'équinoxe du bassin supérieur, enfin par l'onde de crue des affluents septentrionaux qui est exceptionnellement précoce.

Il en résulte un régime particulièrement régulier et pondéré, l'écoulement restant abondant, en l'absence de saison sèche véritable, même durant la période des moindres débits, qui est celle du printemps austral. Le débit d'étiage à Obidos, 72 500 m3/s, est encore supérieur à celui des plus hautes eaux connues du Congo. Les crues polygéniques sont rares, mais d'une exceptionnelle puissance. Le chiffre de 200 000 m3/s, longtemps retenu comme vraisemblable, qui représente deux fois celui de la crue millénaire du Congo,[...]

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L’Amazone - crédits : Jacques Jangoux/ Alamy/ Hemis

L’Amazone

L'Amazone, Brésil - crédits : Gabriel Sperandio/ Moment Open/ Getty Images

L'Amazone, Brésil

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