AMBROISE DE MILAN (339-397)
Les principes de politique religieuse
Pour Ambroise, l'Église possède la vérité absolue, reçue de la parole même de Dieu, et elle a donc un droit imprescriptible d'intervenir politiquement lorsque cette vérité est menacée par le pouvoir civil. L'empereur est dans l'Église et non au-dessus de l'Église (Contra Auxentium, 36). Théodose qui, par mesure de répression collective, a fait massacrer le peuple de Thessalonique, doit se soumettre à la pénitence publique, comme n'importe quel chrétien (390). Mais l'empereur n'est pas seulement un chrétien à titre privé, le christianisme s'identifie avec l'Empire et doit être considéré comme religion d'État. Les chrétiens de Callinicum ont brûlé une synagogue et Théodose veut obliger l'évêque de la ville à reconstruire à ses frais l'édifice (388). Ambroise intervient : ce serait une atteinte intolérable au prestige de l'Église ; et Théodose, invectivé publiquement par Ambroise, doit renoncer à sa décision (Lettre XL).
En 382, l'empereur Gratien, dans une série de mesures antipaïennes, avait fait enlever du Sénat de Rome l'autel de la Victoire. Au nom du parti païen, Symmaque adresse une pétition à l'empereur et Ambroise y répond. Les deux hommes, de même rang, de même culture, identifient tous deux Rome et leur religion. Symmaque défend la coutume des ancêtres, « les droits et les destinées de la patrie ». Ambroise répond que Rome est maintenant adulte, que l'évolution est une loi irréversible de la nature, comme de la vie humaine : il faut accepter le progrès (Lettre XVIII, 23). Mais Symmaque le traditionaliste est tolérant : « Il n'y a pas un chemin unique pour parvenir à un si grand Mystère » (Relatio, 10). « Ce chemin unique, répond Ambroise, les chrétiens le connaissent par la voix même de Dieu » (Lettre XVIII, 8). Toutefois, l'intolérance d'Ambroise refuse l'effusion de sang. Il rompt la communion avec les évêques de Gaule qui avaient fait exécuter l'héritier Priscillien et il dénonce leurs « sanglants triomphes » (Lettres XXV et XXVI).
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Écrit par
- Pierre HADOT : professeur au Collège de France
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