CHAM AMÉDÉE DE NOÉ dit (1819-1879)
Tout semblait devoir contrarier la carrière à succès qui fut celle du satiriste Amédée de Noé, dit Cham : son père, le comte Louis de Noé, était pair de France, et Amédée avait des dispositions pour les mathématiques qui permettaient tous les espoirs. Le destin voulut qu'il échouât au concours d'entrée à Polytechnique, pour avoir, disait-il, laissé circuler une caricature de son examinateur. Après une vaine tentative de discipline au service du ministère des Finances, il s'inscrivit à l'atelier de Charlet puis à celui de Delaroche. En 1839, sort sa première publication, Monsieur Lajaunisse, album caricatural, sans but et sans raison. Bêtises amusantes. Dépourvue de signature et plus remarquable par l'esprit que par le dessin, encore sec et emprunté, elle devait pourtant sa parution à l'initiative de Charles Philipon, créateur du célèbre journal satirique de l'époque, Le Charivari, auquel Cham allait collaborer à partir de 1843, lui donnant, trente-six ans durant, l'essentiel de sa production. C'est en 1840, avec sa première œuvre signée, Histoire de M. Jobard, qu'il use de son pseudonyme ; à cette date aussi, son style graphique commence à s'étoffer, gagne de la force en se simplifiant, peut-être sous l'influence de Daumier. Un très vif succès accueille bientôt la parodie, qu'il donne à l'hebdomadaire Le Musée Philipon, du populaire roman d'Eugène Sue, Les Mystères de Paris, sorti en 1842. Il récidivera, par la suite, sur le thème du Juif errant. Mais la IIe République lui donnera, en 1847-1848, ses meilleurs sujets, les caricatures des grandes figures politiques du moment, croquées à l'Assemblée nationale et dans les clubs. L'écho fut retentissant ; édités en albums, des titres tels que Études socialistes, Proudhon en voyage, Croquis politiques, et surtout L'Assemblée nationale comique purent à peine répondre à la demande. Pendant la Révolution de 1848, une édition parisienne de Punch (hebdomadaire satirique anglais), éditée par Le Charivari, fut entièrement illustrée par Cham. Car cet esprit éminemment parisien fut reconnu par l'Angleterre de Dickens et de Thackeray, et Illustrated London News comme Punch publièrent ses dessins. Et, si sa santé fragile (il souffrait de phtisie et en mourut) le porta à mener une vie plutôt sédentaire, aux limites de Paris, son esprit débordant de fantaisie lui fit également entreprendre, à partir de 1855, une carrière d'auteur dramatique vaudevillesque apprécié de ses contemporains (Le Serpent à plumes, opéra-bouffe, musique de Léo Delibes, 1864 ; Le Myosotis, aliénation mentale et musicale, musique de Charles Lecocq, 1866).
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Écrit par
- Bernard PUIG CASTAING : historien de l'art
Classification
Autres références
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CARICATURE
- Écrit par Marc THIVOLET
- 8 333 mots
- 8 médias
Dans son sillage, Gavarni créa une œuvre moins expressive mais d'une remarquable unité. Cham avait imité le Suisse Töpffer avant d'adopter lui aussi la manière de Daumier ; ses charges, fort nombreuses, donnèrent une image anecdotique et superficielle des hommes et des événements. -
ILLUSTRATION
- Écrit par Ségolène LE MEN et Constance MORÉTEAU
- 9 135 mots
- 11 médias
...confirment, le journal suscite le croquis de presse et l'histoire en images. Vignette satirique légendée en une ligne, dans laquelle se spécialisent Cham, Nadar ou Hadol, le croquis de presse décoche d'un trait sa flèche et fait sourire le lecteur ; il réussit au mieux lorsqu'il est présenté en série...