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MODIGLIANI AMEDEO (1884-1920)

La peinture ou la sculpture (1907-1914)

Modigliani arrive à Paris en 1906. Il admire alors les préraphaélites et Whistler. Cependant il changera vite de maîtres en découvrant Toulouse-Lautrec, Cézanne et Picasso. On connaît malheureusement très mal cette première période de l'activité picturale de Modigliani. En effet, ses premières œuvres ont été brûlées, dispersées ou perdues. Comme témoins importants de son évolution entre 1907 et 1913, il ne subsiste, selon Ambrogio Ceroni, que trente tableaux. Dans une première étape, de 1906 à 1908, on peut reconnaître certaines tendances expressionnistes, comme dans le Portrait de Maud Abrantes (1908), l'étude du Nu assis (1908) et le Portrait de la Juive (1908). Les traits sont accusés, la pâte épaisse, les couleurs sombres. Mais Modigliani abandonne vite ce style, pour s'imprégner beaucoup plus profondément de l'œuvre de Toulouse-Lautrec et de Cézanne. Cézanne lui apprend à simplifier les volumes, à mettre en page avec force et clarté et à alléger la matière, comme le montrent les superbes portraits d'Alexandre père et d'Alexandre fils (1909). Quant aux deux tableaux Le Joueur de violoncelle et le Mendiant (1909), ils sont purement cézanniens d'esprit et de technique, avec leurs fines modulations de bleu et la souplesse harmonieuse des plans. En ce qui concerne l'influence de Toulouse-Lautrec, du cubisme, de l'art nègre et de l'art italien, leur présence sera diffuse dans toute son œuvre, sans que l'un ou l'autre élément soit prépondérant. Ces styles différents ont en effet en commun le goût de la ligne et de la sobriété expressive.

<it>Portrait de Paul Guillaume, Novo Pilota</it>, A. Modigliani - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Portrait de Paul Guillaume, Novo Pilota, A. Modigliani

Entre 1909 et 1914, Modigliani n'exécute plus que des dessins et des sculptures. Il a toujours beaucoup dessiné, tout ce qui lui tombait sous la main, et très vite. Il déchirait souvent ses dessins ou bien les distribuait à tous les vents, sans jamais revenir sur l'un d'eux ; aussi ont-ils un caractère nerveux, alerte, et expriment-ils en quelques traits l'individualité de chacun. Parmi eux on peut distinguer la série très originale des Caryatides, qu'il appelait « les déesses Beauté ». Ce sont des figures de femme inspirées de la statuaire antique et qui étaient destinées, si Modigliani en avait eu les moyens, à former une cohorte d'honneur au « temple de la Beauté ». En effet, certains critiques comme Nina Hammet et le docteur Zarate soutiennent que la première vocation de Modigliani fut d'être sculpteur. Il fut sûrement très impressionné par Brancusi : comme lui, il taillait directement la pierre et, comme lui, il s'inspirait d'un même idéal de pureté intemporelle, bien que moins intransigeant. On connaît vingt-cinq sculptures, en majorité des têtes. Elles sont dans l'ensemble assez grossièrement sculptées, presque équarries ; elles laissent une impression d'inachèvement non dénué d'une certaine monumentalité. Ce n'est qu'en 1914, sous l'impulsion de Paul Guillaume, que Modigliani se remet à peindre.

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Écrit par

  • : licenciée en art et archéologie, documentaliste au Centre national d'art contemporain, Paris

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<it>Portrait de Max Jacob</it>, A. Modigliani - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Max Jacob, A. Modigliani

<it>Portrait de Paul Guillaume, Novo Pilota</it>, A. Modigliani - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Portrait de Paul Guillaume, Novo Pilota, A. Modigliani

<it>Portrait de Moïse Kisling</it>, A. Modigliani - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Moïse Kisling, A. Modigliani

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