AMÉRINDIENS Amazonie et Guyanes
Les premiers établissements humains en Amérique du Sud remonteraient à environ 15 000 ans avant J.-C. Situés dans les régions côtières du Venezuela et de la Colombie, ils indiquent un peuplement d'origine septentrionale, introduit par l'isthme de Panamá, répandu peu à peu le long du littoral et pénétrant au cœur du continent par les voies fluviales. Du système de l'Orénoque à celui de l'Amazone, le passage est aisé grâce au « canal » du Casiquiare ; sur l'immense étendue sillonnée de rivières qui va de la Cordillère des Andes à l'ouest, aux savanes du nord-est, aucun obstacle naturel, aucun changement de milieu géographique ne s'opposent aux mouvements de population et aux diffusions culturelles. Ainsi s'est créée au cours des âges, dans toute la zone des terres basses et boisées, une culture homogène qui déborde le cadre strictement géographique du bassin de l'Amazone.
Du point de vue ethnologique, les Indiens de l'Amazonie méridionale (Mato Grosso) et occidentale (cours du Marañón et de ses affluents) font partie du même ensemble culturel que ceux des Guyanes et de l'Orénoque. Ils se différencient tous des hauts plateaux andins, des plaines tempérées et froides du sud du continent (voir article Fuégiens) et de ceux qui, dans les savanes surtout, sont demeurés jusqu'à nos jours (ou presque) exclusivement chasseurs-cueilleurs (voir article Chaco).
Histoire culturelle
Les premiers immigrants nomades, vivant de chasse, de pêche et de cueillette, utilisant pour la confection de leurs outils et de leurs abris surtout des matériaux périssables d'origine végétale ou animale, ont laissé peu de traces. En climat tropical humide, aucune matière organique ne se conserve ; seuls, donc, quelques débris osseux et de rares objets lithiques donnent à l'archéologue une bien pauvre idée de l'équipement technique des sociétés préagricoles. Rien n'interdit de supposer que celles-ci ne surent pas, aussi bien que les chasseurs-cueilleurs des temps historiques, tirer parti du milieu naturel. Plusieurs millénaires séparent les vestiges primitifs des tessons qui, vieux d'environ 5 000 ans et provenant des terres basses du nord de la Colombie, prouvent qu'à cette époque une importante étape culturelle avait été franchie. L'introduction de la poterie a, semble-t-il, précédé de beaucoup la domestication des plantes dans le nord-ouest de l'Amazonie. C'est seulement au cours du Ier millénaire avant J.-C., et toujours dans le nord du système Orénoque-Amazone, que la culture du manioc et la fixation en villages sont attestées. À l'embouchure du grand fleuve et dans les Guyanes, en revanche, des indices accréditent l'hypothèse d'une concomitance entre le passage à l'agriculture et la fabrication de la céramique. Plus précisément, les plus anciens fragments de poterie y sont associés à l'habitat semi-sédentaire qu'imposent les activités agricoles et qui contraste avec le nomadisme des chasseurs-cueilleurs.
Techniques agricoles et systèmes sociaux
Peut-être importées d'Amérique centrale ou des Andes, peut-être inventées localement, les techniques agricoles se sont diffusées dans l'aire de la grande forêt. Elles constituent la base économique de toutes les sociétés amazoniennes. Celles-ci ont réalisé, au cours de leur longue histoire, une remarquable adaptation à leur milieu naturel. Le sol y est pauvre en dépit de son apparente luxuriance, l'agriculture sur brûlis ne donne pas des rendements très élevés dans les conditions où elle est pratiquée ici. Cependant l'immensité de l'espace ouvert a permis, par la dispersion des groupes, de ne pas dépasser un optimum démographique. Quand l'espace est limité, de nouvelles techniques agricoles, assurant le contrôle de l'eau, doivent être mises en œuvre, qui impliquent une [...]
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Écrit par
- Simone DREYFUS-GAMELON : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, responsable de l'équipe de recherche en ethnologie sud-amérindienne associée au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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