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AMÉRINDIENS Amazonie et Guyanes

Ethnologie des sociétés traditionnelles

L'homogénéité déjà signalée des cultures amazoniennes s'accompagne d'une étonnante diversité linguistique. Outre les principales familles ( Arawak, Carib, Tupi-Guarani, , Pano, Tukano) différenciées dialectalement, de nombreuses langues isolées constituent une impressionnante mosaïque. Dans certaines régions (haut Xingú par exemple), quatre ou cinq langues mutuellement inintelligibles sont parlées dans des villages aux contacts réguliers et fréquents.

Activités de production

Agriculture sur brûlis, chasse et cueillette en forêt, pêche dans les rivières sont les activités économiques de base. La technique du brûlis, connue dans toutes les parties tropicales et forestières du monde, consiste à abattre les arbres au commencement de la saison sèche et à mettre le feu aux troncs et aux souches avant le début des pluies. On plante ensuite sur la couche de cendres qui recouvre et enrichit le sol défriché.

La principale plante amazonienne cultivée est le manioc (Manihot utilissima) dont deux espèces sont domestiquées, l'une vénéneuse (manioc amer) et l'autre non (manioc doux). La consommation du manioc amer nécessite un traitement préalable pour en éliminer la toxicité due à la présence d'acide prussique. Divers procédés ont été mis au point par les Indiens, qui visent à provoquer l'évaporation du poison soit par la macération dans l'eau puis le séchage au feu, soit par l'ébullition du jus exprimé des tubercules au moyen d'une presse en vannerie. Le résidu de l'ébullition contient le tapioca. La masse des tubercules, devenue comestible, est convertie en galettes (la cassave des Guyanes et du Nord-Ouest amazonien, le beiju des Tupi du Brésil) ou en granulés (appelés « farine » au Brésil). Le manioc doux ne demande aucune préparation spéciale. Il est consommé bouilli ou rôti, comme les autres tubercules. Sa valeur nutritive est inférieure à celle du manioc amer, mais il est cultivé partout (peut-être fut-il domestiqué le premier), tandis que l'autre espèce est inconnue à l'ouest d'une diagonale qui va du rio Caqueta en Colombie aux sources du Xingú dans le Mato Grosso.

Le maïs est une culture secondaire dans la plus grande partie de la forêt tropicale sauf chez les Tupi-Guarani du sud du Brésil et du Paraguay. Sa culture gagne en importance à mesure que l'on s'approche des Andes. Les Indiens de l'Amazonie sont surtout des cultivateurs de tubercules (manioc d'abord, puis patates douces[Ipomea batatas], ignames[Dioscorea sp.]), qui s'accommodent de l'alternance saisonnière de la chaleur sèche et des pluies abondantes. Une céréale comme le maïs a besoin, en revanche, d'humidité bien répartie tout au long de l'année ; quand les épis sont mûrs, ils doivent être coupés et engrangés, alors que les tubercules de manioc peuvent demeurer en terre longtemps (un à deux ans) après qu'ils ont atteint leur maturité et n'être récoltés qu'au fur et à mesure des besoins. On comprend que la forme du travail individuel et collectif, la production et l'utilisation d'un surplus, donc l'organisation sociale et politique, soient différentes chez les cultivateurs de céréales et les cultivateurs de tubercules. Les agriculteurs sur brûlis sont itinérants ; le sol, fertilisé par les cendres mais dénudé par l'abattage de la couverture forestière, est soumis à l'action érosive des pluies tropicales ; cependant, selon certains ethnologues, l'épuisement du sol n'est pas si important qu'il justifie la pratique courante d'abandonner les plantations au bout de trois à cinq années. Le défrichage de nouveaux terrains serait rendu nécessaire par la rapide croissance d'une végétation secondaire de ronces et d'épineux plus difficile à « nettoyer » que la forêt. Ainsi, peu à peu, les plantations[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, responsable de l'équipe de recherche en ethnologie sud-amérindienne associée au C.N.R.S.
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Indiens d'Amazonie - crédits : Keystone Features/ Getty Images

Indiens d'Amazonie

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