AMÉRINDIENS Amazonie et Guyanes
Les provinces culturelles amazoniennes
Les Guyanes
Du delta de l'Orénoque à l'embouchure de l'Amazone, limitée au nord par l'Atlantique et au sud par des massifs montagneux, la région des Guyanes était en majorité peuplée de tribus appartenant aux familles linguistiques arawak et carib. L'artisanat (vannerie, tissage, poterie) y était particulièrement développé. Dans le domaine de l'organisation sociale, il semble qu'on puisse relever une double opposition entre populations de la côte et populations des massifs de l'intérieur, entre sociétés à clans ou lignages, donc divisées en groupes de filiation stables, et sociétés où les groupes résidentiels sont reformés à chaque génération autour soit de germains (frères et sœurs), soit d'un chef de maison s'assurant le service et le travail de ses gendres. Ce dernier type d'organisation, dont la cohésion est probablement moins forte, semble avoir dominé chez les Carib et s'être transplanté et exacerbé quand certains d'entre eux émigrèrent, aux temps précolombiens, vers les Petites Antilles d'où ils chassèrent des Arawak installés avant eux. Là se développa l'institution de la maison des hommes, dont le rôle politique au niveau du village contrebalançait l'instabilité des groupes de résidence et les effets centrifuges de leurs conflits internes.
Le Nord-Ouest amazonien
L'aire des bassins des fleuves Vaupés et Caqueta, aujourd'hui partagée entre la Colombie et le Brésil, est caractérisée par une organisation de parenté fondée sur des patrilignages localisés dont chacun constitue une communauté territoriale et occupe une unique grande maison, un ensemble rituel complexe avec culte des ancêtres, personnification d'instruments de musique (flûtes et trompes), danses de masques, interdits à la vue des femmes, ainsi que par des sociétés secrètes d'hommes et des rituels funéraires.
La Montaña
De l'Équateur à la Bolivie, le versant oriental des Andes (Montaña), sillonné de rapides et de fleuves qui convergent vers l'Amazone et ses grands affluents, appartient culturellement à la forêt. Mais la proximité des Andes affecte la culture matérielle (port de jupes de coton, domestication d'animaux tels le cochon d'Inde ou le canard dit « de Barbarie », style des décorations corporelles et de la poterie). Malheureusement les structures sociales traditionnelles y sont mal connues. Elles furent très tôt désagrégées par l'occupation européenne et notamment l'activité missionnaire, qui procéda à des démantèlements de villages dont les habitants furent obligés de se fixer sur le territoire des missions, imposa le vêtement complet, interdit la polygynie ainsi que les pratiques religieuses indigènes. Au xviie et au xviiie siècle, la « pacification » réduisit les Indiens au servage au profit des colons ou les soumit à une intense exploitation économique facilitée par l'introduction de monnaies et marchandises occidentales dont ils devenaient dépendants. Peut-être encore plus que les Indiens des autres aires amazoniennes, les « Chunchos » de la selva péruvienne furent victimes des nombreuses actions « ethnocidaires » des nouveaux maîtres de l'Amérique du Sud.
Le Sud-Ouest amazonien
Les bassins des fleuves Juruá et Purus, et le cours moyen de l'Amazone constituent aussi des régions culturelles soit par le groupement de familles linguistiques (tupi et arawak ici, pano et arawak là), soit par le genre de vie, plus axé sur la pêche et le commerce intertribal (moyen Amazone). Les tribus de langue pano sont connues pour leurs rituels d'initiation des filles comprenant excision et défloration, faits très rares en Amérique du Sud, et leur endo-cannibalisme (consommation des os des parents morts).
Tupi et Guarani
Les Guarani forment aujourd'hui la majorité de la population[...]
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Écrit par
- Simone DREYFUS-GAMELON : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, responsable de l'équipe de recherche en ethnologie sud-amérindienne associée au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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