AMÉRINDIENS Amérique centrale
L'empire aztèque s'est écroulé le 13 août 1521, jour de la prise de Mexico-Tenochtitlán par l'armée d'Hernán Cortés, armée composée en majeure partie d'Indiens désireux de secouer le joug aztèque. Au cours des années suivantes, l'occupation espagnole s'étendit aux autres régions du Mexique et à l'Amérique centrale. Ce furent les Indiens du Yucatán qui résistèrent le plus longtemps aux Espagnols : Tayasal, le dernier État indépendant, ne se rendit qu'à la fin du xviie siècle. Avec la conquête disparurent les grandes civilisations dont ces régions avaient été le foyer. Cependant, les Indiens demeuraient nombreux au Mexique et dans la majeure partie de l'Amérique centrale, et ils continuèrent à cultiver la terre (sous la domination espagnole comme auparavant, leur travail était indispensable pour assurer la vie économique du pays). Tout en adoptant, à des degrés divers, la religion, les mœurs, la langue des envahisseurs européens, ils gardèrent leur mode de vie, leur langue, certaines de leurs coutumes. Ainsi est née une culture mixte hispano-indienne, telle qu'on peut l'observer dans de nombreuses régions de cet immense territoire.
Actuellement, par suite de la modernisation des différents pays entre lesquels cette zone est divisée, de l'importance croissante de l'urbanisation et du réseau routier, de l'attirance qu'exercent les villes sur les paysans, ces populations sont en pleine transformation, à tous les stades du métissage et de l'acculturation. Cependant, dans cet immense ensemble, certains des habitants sont encore considérés comme des Indiens.
Les hommes, la terre
Le critère linguistique et culturel
Le critère physique n'est pas déterminant : il y a peu d'Indiens « purs ». Le critère linguistique et culturel est plus satisfaisant. On peut adopter la définition du docteur Alphonso Caso, archéologue et anthropologue mexicain : « ... La chose importante n'est pas de définir l'individu comme indien ou non indien. Est indigène une communauté dans laquelle prédominent les éléments somatiques non européens, qui parle de préférence une langue indigène, qui possède dans sa culture matérielle et spirituelle des éléments indigènes en forte proportion et qui, enfin, possède un sens social de communauté isolée au milieu des autres communautés qui l'entourent, qui par cela même se distingue des villages de Blancs ou de métis ».
Dans les recensements officiels, l'appartenance à tel ou tel groupe indigène est déterminée soit par la langue, ce qui conduit à une estimation basse des populations, soit par l'auto-identification individuelle à un groupe indien, sans nécessairement en parler la langue. À l'époque précolombienne, 125 langues étaient parlées au Mexique. Aujourd'hui, plusieurs d'entre elles ont disparu et leur nombre va en diminuant. Cependant, le tableau linguistique actuel correspond dans ses grandes lignes à celui de l'époque précolombienne. On compte au Mexique 62 langues ; le total des Mexicains parlant une langue indigène était, selon le recensement effectué en 2000, de 6 044 000 (individus âgés de plus de cinq ans) pour une population de 97 483 000 habitants. 1 002 236 d'entre eux ne parlaient que la langue autochtone, les autres, soit 83 p. 100, parlant leur langue et la langue nationale, l'espagnol. Certaines de ces langues montrent une vitalité remarquable : le nahuatl est parlé par 1 448 000 individus : le maya par 800 000, le zapotèque par plus de 552 000, le mixtèque par 444 000 et l'otomi par 291 000.
En Amérique centrale, le Guatemala est le pays à plus forte population indigène : 43 p. 100 d'après le recensement de 1994, d'autres estimations officielles l'évaluant à près de 50 p. 100, appartenant presque entièrement au groupe[...]
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Écrit par
- Georgette SOUSTELLE : maître de recherche au C.N.R.S.
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