AMÉRINDIENS Amérique du Nord
Le réveil indien
Inégalités économiques
Avec l'administration Kennedy, la Termination Policy est mise en sourdine sans être officiellement annulée. La théorie officielle, qui continue sous l'administration Nixon, est celle de l' autodétermination des Indiens ; elle consiste à faire entrer un plus grand nombre d'Indiens dans le personnel du B.I.A. Parallèlement, on tend à présenter le problème indien comme un simple problème socio-économique, réclamant des mesures administratives et pouvant être résolu en termes de droits politiques et de niveau de vie ; est menée également une politique de développement des réserves favorisée par subventions d'implantation industrielle.
Dans les années 1970, le taux de chômage était de 37 p. 100 dans les réserves (plus 18 p. 100 de chômage saisonnier) contre 5 p. 100 pour l'ensemble des États-Unis. Même situation au Canada où en 1970 le chômage des Indiens était de 50 p. 100 contre 6 p. 100 pour l'ensemble de la population. Une proportion importante d'Indiens vivait uniquement d'assistance. Le taux d'emploi varie considérablement selon les groupes. Certains ont pu s'intégrer à des activités proches de leurs activités traditionnelles. D'autres sont spécialisés dans certains types de travaux. Les facteurs de chômage sont l'isolement, les barrières linguistiques, le manque de formation, la discrimination. La majorité des Indiens continue de penser économiquement en termes différents des Blancs. En réalité, sur tous les plans (logement, emploi, santé, éducation, ressources), les Indiens, globalement, se retrouvent au plus bas niveau. Le taux d'échec scolaire est très élevé. Les problèmes de santé, quoique sensiblement atténués, restent prédominants. En 1955, le taux de mortalité infantile, tombé de 62,5 p. 100 à 23 p. 100, restait sensiblement supérieur à la moyenne américaine. Le nombre des Indiens dans les prisons est élevé. Le taux de suicide est le double de la moyenne nationale tant aux États-Unis qu'au Canada.
Les Indiens restent culturellement, économiquement et juridiquement discriminés. Statutairement, ils sont citoyens du Canada ou des États-Unis. Cette citoyenneté leur donne le droit de vote, mais le vote indien signifie peu de chose.
Activisme militant
Diverses circonstances favorisèrent pourtant dès le début du xxe siècle un réveil des Indiens. Sensibilisés par la question territoriale, tirant profit de la rivalité opposant les missions aux autorités, ils purent maîtriser leur adaptation au monde blanc. Une nouvelle organisation provinciale se forma en Colombie britannique, dans les années 1930. Vingt ans plus tard, un certain nombre d'associations avaient vu le jour.
La résistance indienne du xxe siècle est presque totalement isolée. Le All Pueblo Council obtient avec le Pueblo Land Act de 1924 la première victoire significative des Indiens au xxe siècle. La loi de réorganisation indienne de 1934 favorise un renouveau du pan-indianisme avec la fondation du National Congress of American Indians. Avec la Seconde Guerre mondiale, l'évolution essentielle est celle des traditionalistes, ainsi que la prise de conscience que les Indiens ont quelque chose à dire aux Blancs. L'accès à l'université, l'émigration urbaine aboutissent à la formation du National Indian Youth Council en 1961 et de l'American Indian Movement (A.I.M.) en 1968, « Red Power » qui s’inspire du militantisme noir-américain (Black Panthers). Les années 1960, le début des années 1970 sont une période d'agitation et de manifestations retentissantes, comme les occupations de l’île abandonnée d'Alcatraz en 1969-1970, du B.I.A. en 1972, et les affrontements de Wounded Knee en 1973. Ces épisodes expriment sous des formes violentes les propres contradictions des Indiens. Progressivement, ces conflits[...]
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Écrit par
- Marie-Pierre BOUSQUET : professeur adjointe, département d'anthropologie, université de Montréal
- Roger RENAUD : maître de conférences à l'université de Paris-VII (U.F. d'anthropologie-ethnologie)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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