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AMÉRINDIENS Hauts plateaux andins

Les peuples amérindiens des hauts plateaux andins sont les héritiers de traditions millénaires. Ces civilisations préhispaniques, dont on ne peut ici retracer la diversité, possèdent des traits distinctifs : une hiérarchie sociale très marquée qui n'exclut pas un fort communautarisme ethnique et se reflète dans les cités et les monuments qui jalonnent l'histoire de cette région ; une économie agricole doublée d'un pastoralisme inconnu ailleurs dans le continent américain ; des cultes liés aux ancêtres qui se traduisent notamment par la momification ; des conceptions relatives à l'autochtonie des peuples, c'est-à-dire à leur origine tellurique ; enfin un développement exceptionnel des techniques de tissage pour produire des étoffes à multiples usages, utilitaires et symboliques. À partir de 1532, la conquête espagnole et l'évangélisation remodelèrent ce patrimoine culturel, en éliminant les formes les plus criantes de paganisme et en transférant le pouvoir politique des Incas à la couronne d'Espagne et à leurs représentants. Les trois siècles de domination espagnole eurent sur les communautés andines un impact majeur et beaucoup d'aspects culturels observables encore de nos jours sont issus de ce passé colonial. Dans la seconde moitié du xxe siècle, la modernisation des campagnes, la sécularisation croissante, les transformations de l'Église catholique, l'introduction de nouvelles religions de filiation protestante ainsi que la participation plus grande des Indiens à la vie politique, apportèrent des modifications à un mode de vie marqué par l'attachement à la tradition, sans pour autant détruire un fonds andin remanié par le catholicisme colonial.

Comme tous les peuples du monde, les Amérindiens des hauts plateaux andins sont un produit historique et il serait erroné de les appréhender sous l'angle de l'essentialisme, en oubliant l'importance séculaire des métissages. Avant de présenter un aperçu nécessairement succinct de leur culture, il faut au préalable apporter une double précision. La première est géographique. La Cordillère des Andes étant l'épine dorsale de l'Amérique du Sud, la délimitation d'une « aire culturelle » andine doit tenir compte, outre du relief et de ses contraintes, de facteurs anthropologiques et historiques qui dépassent le cadre national, même si depuis le xixe siècle au moins, chaque État est intervenu sur la vie rurale indigène en fonction d'enjeux politiques et économiques spécifiques. D'un point de vue culturel, les Indiens des Andes sont répartis dans plusieurs pays, puisqu'ils habitent le sud de la Colombie, l'Équateur et le Pérou des Cordillères, la Bolivie des hauts plateaux et des vallées et une partie du nord-ouest de l'Argentine et du nord du Chili. Cette dispersion recouvre approximativement le territoire de l'empire inca avant l'arrivée des Espagnols. Dans cet ensemble, les frontières entre les « andins » originels et les autres groupes sociaux sont souvent ténues : métissages, changements statutaires, migrations constituent une dynamique qui s'oppose à toute forme d'enfermement ethnique.

La seconde précision porte sur les définitions identitaires et sur la catégorie d'Amérindien. Jusqu'à une époque récente, la plupart des peuples qui proclament aujourd'hui leur indianité ne se considéraient pas comme des Indiens mais comme des paysans. La catégorie d'Indien (ou de « Naturel ») était réservée à des groupes autochtones éloignés, soit ceux des régions forestières, soit ceux qui vivaient loin des centres urbains, dans des hameaux dispersés sur les hauteurs. Seuls les citadins métis et blancs s'accordaient pour appliquer à tous les autochtones le terme générique Indien. D'autre part, beaucoup de paysans qui se définissaient sans hésiter comme « Blancs » ou « Espagnols »[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-X, membre de l'Institut universitaire de France

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