AMÉRIQUE (Histoire) Amérique portugaise
Les Portugais ont découvert le Brésil parce que celui-ci était sur la route des Indes orientales.
Au début, le bois brésil offrait beaucoup moins d'intérêt que les épices orientales.
Mais, lorsque l'empire d'Orient s'effondra, le sucre brésilien devint la grande richesse du commerce portugais.
Le « cycle » du sucre aboutit à la création d'une société patriarcale et « esclavocrate » où la main-d'œuvre noire remplaça peu à peu la maind'œuvre indienne. Les profits de l'économie sucrière revenaient plutôt aux marchands portugais qu'aux maîtres de moulins.
Le sucre du Brésil a connu deux crises au xviie siècle : vers 1630-1640, avec l'attaque des Hollandais ; vers 1670-1680, après le départ des Hollandais et la concurrence du sucre des Antilles.
Mal sorti de la seconde crise, le Brésil devait découvrir, au début du xviiie siècle, qu'il possédait de l'or. La richesse du Minas nous a laissé les prestiges de l'art baroque. Rio, plus près que Bahia d'Ouro Preto, devient la capitale du Brésil en 1763. Mais déjà, à cette date, l'or est en déclin. L'agriculture le remplace. C'est dans une atmosphère de prospérité agricole, en partie due aux guerres européennes, que le roi de Portugal, chassé de son pays par Napoléon, va trouver le Brésil en 1808 et lui donner, ou presque, l'indépendance.
Le cycle du bois
La découverte
Le Brésil est le produit de deux hasards :
1. Hasard diplomatique. En 1494, le traité de Tordesillas partage le monde entre le Portugal et l'Espagne. La bulle Inter caetera, du pape Alexandre VI, avait tracé une ligne à cent lieues à l'ouest de « n'importe quelle île » des Açores et du Cap-Vert ; le traité reporte cette ligne à trois cent soixante-dix lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert, à la demande des Portugais, qui se font reconnaître tout pouvoir à l'est de cette ligne.
2. Hasard maritime. À propos de la découverte du Brésil, on a discuté de deux problèmes :
Des marins ont-ils précédé Pedro Álvares Cabral lorsqu'il a touché la côte du Brésil en 1500 ? Vespucci ? Janez Pinzon ? Diego de Leppe ? Les Français ? Les érudits en discutent. De toute façon, le traité de Tordesillas enlevait aux Espagnols tout droit sur cette partie du monde.
Quand Cabral a découvert le Brésil, avait-il l'intention de le découvrir ? C'est possible. Mais il semble plutôt qu'il ait cherché un meilleur chemin vers les Indes orientales : un chemin qui lui permettrait d'éviter les calmes plats équatoriaux. Son flair de marin lui a sans doute fait sentir qu'en utilisant les alizés du nord-est, puis ceux du sud-est (en évitant les calmes équatoriaux et en choisissant la saison où ils sont le plus réduits), il pouvait gagner, dans l'Atlantique sud, les vents dominants d'ouest qui devaient lui permettre de doubler rapidement le cap de Bonne-Espérance et atteindre la mousson de l'océan Indien. Il traçait aussi la meilleure route pour la traversée de l'Atlantique du nord au sud jusqu'à l'invention de la marine à vapeur. Bien supérieure à celle de la côte d'Afrique, cette route passe, au retour, par Ascension, Sainte-Hélène et vient rejoindre aux Açores les vents d'ouest dominants. En abordant le continent, Cabral a cru toucher une île qu'il baptisa Vera Cruz, ou Santa Cruz (on était près de la fête de l'Invention de la Sainte Croix, avril 1500). Il y trouva un bois de teinture déjà connu dans l'Inde orientale, le bois brésil, d'où le nom de Brésil qui prévaudra pour désigner ces terres nouvelles.
Cabral a raison ; en 1500, le Brésil est vraiment une île, ou plutôt un archipel : un certain nombre de points de la côte reliés par la mer mieux que par la terre ; à l'est, l'Océan et, à l'ouest, l'immensité du [...]
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Écrit par
- Frédéric MAURO : professeur d'histoire à l'université de Nanterre et à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
Classification
Médias
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