AMÉRIQUE (Histoire) Découverte
Étymologiquement le mot « Amérique » vient d'Amerigo, prénom de Vespucci. Il a été inventé par Martin Waldseemüller qui, dans sa Cosmographie (1507), proposa d'appeler Amérique la « quatrième partie du monde », prétendument découverte par le Florentin.
La « découverte de l'Amérique » a été une œuvre collective. Qui peut savoir quel pêcheur anonyme est parvenu le premier sur les bancs de Terre-Neuve ? Et puis, les équipages de Colomb n'étaient-ils pas galiciens, basques ? Le « Découvreur » n'était-il pas tributaire de la science nautique apprise au Portugal ? Le Vénitien Cabot ne naviguait-il pas pour le compte de la monarchie anglaise, l'Italien Verrazzano pour celui du roi de France ?
Toutefois, si le nom de Colomb reste attaché à la découverte de l'Amérique, c'est parce qu'il fut l'initiateur génial d'une aventure pleinement consciente que vint couronner un succès grandiose. Il fut aussi un des premiers, quoi qu'on en ait dit, à avoir le pressentiment qu'il avait trouvé « un nouvel hémisphère inconnu des Anciens ».
Les grandes découvertes géographiques débutent au xve siècle. Néanmoins, on ne peut faire abstraction des « siècles obscurs » où les connaissances empiriques des Scandinaves, puis des marins du littoral atlantique, ont certainement permis une première atteinte du continent américain.
Une découverte inconsciente
Les navigations scandinaves
Il est aujourd'hui certain que ces extraordinaires navigateurs qu'ont été les Vikings ont su aller en droiture de la Norvège au Groenland du Sud, et au-delà, sans se servir de cartes ni de boussole, en suivant approximativement le 60e parallèle. Ces navigations eurent pour résultat une véritable colonisation du Groenland et de certains territoires de l'Amérique septentrionale. Qu'allait-on y chercher ? L'huile de phoque, l'ivoire de morse, les pelleteries. Cette implantation s'est faite à partir de l'Islande, qui avait été occupée par les Norvégiens en 874. D'après une saga, un certain Erik le Rouge, proscrit d'Islande, cingle vers l'ouest en 982, découvre la pointe sud du Groenland, puis va continuer la chasse et la pêche sur une côte qui est peut-être la terre de Baffin. Si la saga dit vrai, Erik serait ainsi le premier découvreur de l'Amérique. Revenu en Islande, il en repart avec vingt-cinq bateaux et plusieurs centaines de colons, qui s'établissent dans la « Terre verte ». Il y aura deux sièges épiscopaux (qui, en 1357 encore, étaient en mesure de verser au denier de Saint-Pierre 250 défenses de morse). Au xive siècle, des relations régulières se poursuivent entre le Groenland, l'Islande et même la lointaine Norvège. Puis, sous l'action combinée de migrations d'Eskimos et, semble-t-il, d'un refroidissement du climat, la population européenne du Groenland diminua, dégénéra et finit par disparaître.
L'histoire des établissements groenlandais en Amérique proprement dite est attestée par trop de textes, confirmée par des découvertes archéologiques, pour qu'on puisse la récuser. Les courants marins portaient tout naturellement les Groenlandais vers le sud-ouest, notre Labrador actuel. C'est le Markland et le Helluland des sagas, où l'on voit, au xie siècle, les Groenlandais aller chasser, pêcher, charger du bois. Un peu plus au sud, il est question d'un mystérieux Vinland (Pays du vin) : la « Saga des Groenlandais » raconte que, à la fin du xe siècle, un certain Bjarn, marchand norvégien, déporté par les vents du nord-est alors qu'il se rendait à la Terre verte, vint aborder sur une côte où il trouva des raisins sauvages. Bjarn reviendra dans ces parages en compagnie de Leif, fils d'Erik le Rouge.
Plusieurs expéditions se succédèrent ensuite dans « les abris[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marianne MAHN-LOT : retraitée du C.N.R.S. (ingénieur en sciences humaines)
Classification
Médias
Autres références
-
AMAZONE, fleuve
- Écrit par Pierre CARRIÈRE
- 2 326 mots
- 2 médias
-
AMÉRIQUE LATINE - Les religions afro-américaines
- Écrit par Roger BASTIDE
- 3 175 mots
- 1 média
-
ARAUCANS
- Écrit par Simone DREYFUS-GAMELON
- 1 056 mots
Araucan est un mot forgé au xvie siècle par Ercilla, poète espagnol, à partir d'un nom de lieu indigène. Depuis lors, son usage s'est imposé en ethnologie pour désigner un ensemble de populations qui, parlant la même langue et culturellement apparentées, occupaient, à l'arrivée des conquistadores,...
-
ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN
- Écrit par Jacques GODECHOT et Clément THIBAUD
- 13 670 mots
- 12 médias
Leif Eriksson n'aurait pas été le seul à aborder « l'Amérique ». Les sagas(récits) scandinaves racontent que son frère Thorwald aurait également abordé au Vinland en 1003. Il y aurait lutté contre les indigènes et aurait péri au cours d'un combat. En 1006, Thorstein, un autre frère de Leif,... - Afficher les 29 références