AMÉRIQUE LATINE, économie et société
Avec 20 418 000 kilomètres carrés, l'ensemble latino-américain couvre 15 p. 100 des terres émergées, soit une superficie équivalente à celle de l'ex-URSS ou du groupe États-Unis–Canada ; en 2016, il comptait 640 millions d'habitants, soit 8,5 p. 100 de la population mondiale et un peu plus d'un dixième de celle des pays en développement. Rappelons, en comparaison, que l'Asie (sans le Moyen-Orient) représente 59 p. 100 de la population mondiale et les deux tiers de celle des pays en développement.
Un petit nombre des habitants de ses pays ne parlent pas une langue d'origine latine, mais sont anglophones (Guyana, Trinidad, Jamaïque, Belize, entre autres) ou néerlandophones (Suriname), et certains peuples également latins de l'Amérique du Nord, comme les Québécois ou les Acadiens, n'en font pas partie ; pourtant, l'Amérique latine est habituellement considérée comme un ensemble relativement homogène, issu de la rencontre de « l'humanité indienne et de l'humanité ibérique », selon la formule de Pierre Chaunu. Le terme même apparaît en France sous le second Empire, lors de l'aventure malheureuse de Maximilien, et connaît depuis lors une utilisation universelle, malgré des propositions peut-être plus adéquates comme Indo-Amérique, Amérique indo-latine ou encore Ibéro-Amérique.
Si les niveaux de développement sont intermédiaires entre ceux du monde développé et ceux des pays d'Afrique ou d'Asie du Sud, l'Amérique latine, hormis quelques exceptions comme le Chili, n'a pas connu un dynamisme comparable à celui de la Chine et des autres pays d'Extrême-Orient. En fait, les étapes du développement économique de l'Amérique latine – cet « Extrême-Occident », pour reprendre l'expression d'Alain Rouquié – présentent un aspect contradictoire : d'un côté, un grand dynamisme à long terme illustré par les transformations majeures de pays comme le Brésil ou le Mexique depuis un siècle et leur accès au rang des principales puissances économiques et industrielles mondiales ; de l'autre, une série de handicaps structurels et institutionnels hérités de l'histoire, qui expliquent les retards du sous-continent ainsi que les blocages du développement, particulièrement nets dans le cas de la Colombie, du Venezuela, de la Bolivie, du Pérou, de l'Argentine, voire du Brésil. Toutefois, une triple évolution semble marquer favorablement la région depuis les années 1990, à l’exception du Venezuela et de Cuba : progrès de la démocratie, réorientation générale des politiques économiques et aussi nouvelles tentatives de renforcement des liens économiques régionaux de ce « continent en quête d'unité » depuis son indépendance.
Aspects généraux
Population et urbanisation
L'Amérique latine comptait 523 millions d'habitants en 2000, contre seulement 25 millions en 1800. C'est le fruit, bien sûr, d'une forte immigration, qui culmine au début du xxe siècle, mais aussi et surtout de l'accroissement naturel, qui participe de l'explosion démographique atteignant tous les pays en développement après la Seconde Guerre mondiale. Les taux de mortalité baissent alors rapidement sous l'effet des progrès médicaux (12 p. 1 000 dès 1965 contre 10 p. 1 000 dans les pays développés), tandis que les taux de natalité restent à des niveaux très élevés (40 p. 1 000 contre 20 p. 1 000 à cette même date). La dynamique est telle que la population du sous-continent, encore inférieure à celle des seuls États-Unis en 1940, en représentait à peu près le double en 2016 avec 640 millions d'habitants contre 327 millions. La part des jeunes y est importante, les moins de quinze ans représentant 28 p. 100 du total, soit le même chiffre que la moyenne mondiale (contre 18 p. 100 dans les pays développés, 26 p. 100 en Asie,[...]
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Écrit par
- Jacques BRASSEUL : professeur émérite des Universités en sciences économiques
Classification
Médias
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