AMÉRIQUE LATINE Rapports entre Églises et États
Un régime de concurrence pacifique ?
L'implosion de l'Union soviétique à la fin de la décennie de 1980 a bouleversé les dynamiques régulant les rapports des Églises au politique en Amérique latine. Les intérêts et les équilibres mutuels ont une nouvelle fois été révisés. L'Église catholique s'est recentrée. Elle consacre l'essentiel de son énergie à lutter contre l'influence des sectes. De son côté, Washington ne fait plus de l'expansion du protestantisme un relais de sa politique extérieure. Lors de sa visite effectuée aux États-Unis en 1995, le souverain pontife a établi un nouveau modus vivendi avec le président démocrate Bill Clinton. Le pentecôtisme poursuit sa progression, mais en s'enracinant il s'est, notamment au Brésil, ouvert à des préoccupations sociales inédites. On a pu entendre un pasteur méthodiste uruguayen, Emilio Castro, tenir des propos très voisins de ceux d'un théologien catholique de la libération. Des hommes politiques de gauche – comme le Nicaraguayen Daniel Ortega ou le Bolivien Jaime Paz Zamora – se sont rapprochés des groupes évangélistes. L'Église catholique est de plus en plus sollicitée pour des médiations extrêmement variées par des gouvernements ou des communautés en détresse. L'évêque du Chiapas depuis 1960, Mgr Samuel Ruiz, très contesté comme porteur de valeurs libératrices jugées excessives par le nonce et par le gouvernement mexicain, a finalement été sollicité comme médiateur entre les insurgés de l'Armée zapatiste de libération nationale et les autorités. Sa démission, en 1998, pour protester contre la mauvaise volonté du gouvernement, eut un fort retentissement. En Colombie, Rafael Garcia Herreros, connu pour ses prêches dans les médias sous le sobriquet de « père télé », a négocié la reddition, le 6 juin 1991, du narco-trafiquant Pablo Escobar.
Il paraît possible de conclure provisoirement que le religieux n'est plus aujourd'hui l'enjeu de conflits politiques majeurs entre les gouvernements, les fidèles et leurs Églises. Il est sans doute ainsi en phase avec l'évolution des mœurs et de la culture dominante du libre marché, comme le souligne un sociologue brésilien, le père Jésus Hortal. Cela expliquerait aussi le succès croissant des sectes, moins politisées qu'hier mais sans égales comme « agences de prestation de services religieux ».
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean Jacques KOURLIANDSKY : chargé de recherche du secteur Amérique latine et péninsule Ibérique à l'Institut de relations internationales et stratégiques
Classification
Médias
Autres références
-
ALLIANCE POUR LE PROGRÈS
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 928 mots
Créée le 13 mars 1961 à Washington, l'Alliance pour le progrès (Alianza para el progreso) est lancée en août par la conférence de Punta del Este qui définit ses objectifs et ses organes d'exécution. L'effort entrepris s'inscrit dans la ligne politique inaugurée par les États-Unis, en 1895, lors...
-
AMAZONE, fleuve
- Écrit par Pierre CARRIÈRE
- 2 326 mots
- 2 médias
-
AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie
- Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER , Danièle LAVALLÉE et Catherine LEFORT
- 18 105 mots
- 9 médias
Quant aux Ibériques, nombreux furent les chefs militaires, les administrateurs et les religieux qui gagnèrent les rives de l'Amérique centrale et de l'Amérique méridionale : ils furent accompagnés d'un certain nombre de paysans qui arrivèrent, eux aussi, très tôt. De pauvres cultivateurs, rudes et privés... -
ANARCHISME
- Écrit par Henri ARVON , Encyclopædia Universalis , Jean MAITRON et Robert PARIS
- 13 391 mots
- 7 médias
L'influence des idées anarchistes en Amérique latine, principalement en Argentine, s'est fait sentir avec la pénétration des théories bakouniniennes. Un centre de propagande ouvrière édita en 1879 un opuscule, Una idea, exposant les conceptions de Bakounine. Les journaux El Descamisado... - Afficher les 53 références