AMÉRIQUE (Structure et milieu) Biogéographie
Aspects historiques
Le royaume néotropical ou Néotropis
L'isolement de l'Amérique du Sud, véritable île séparée des continents eurasiatique et nord-américain pendant des millénaires, a déterminé l'apparition de formes biologiques extrêmement originales, tout comme en Australie. On y trouve d'ailleurs aussi des Marsupiaux : 14 genres (contre 64 en Australie) dont l'opossum, qui pénètre en Amérique du Nord. Ces marsupiaux de la Néotropis sont petits et discrets, bien que, avant la formation du pont continental du Pliocène moyen, ils aient été nombreux et de taille considérable. Certains d'entre eux, carnivores, rappelaient par leur allure l'hyène ou le loup. Thylacosmilus avait d'énormes canines en lame de sabre. Ils se sont sans doute éteints par suite de la compétition établie avec les mammifères d'origine nordique qui s'infiltrèrent dès le Pliocène supérieur.
Les particularités du royaume néotropical apparaissent bien en analysant la distribution des petits animaux. Parmi les moustiques, par exemple, 23 groupes (sous-genres) sont spéciaux à l'Amérique du Sud et aux terres avoisinantes. Par comparaison, on n'en compte que 11 groupes en Australie et 4 en Éthiopie.
Deux familles de plantes supérieures sont strictement d'origine néotropicale (malgré leur extension ultérieure plus au nord) : ce sont les Broméliacées (2 000 espèces dont une seule d'Afrique occidentale, Pitcairnia feliciana, et les Catacées (presque aussi riches en espèces), qui ont gagné l'Amérique du Nord et ont été naturalisées dans le monde entier sous climat chaud.
L'Amérique du Sud est bien nommée le « continent des oiseaux », car on y compte les deux cinquièmes de l'avifaune mondiale : 3 500 espèces sur 8 600 actuellement décrites. Sur les 155 familles d'oiseaux, 89 ne sont connues qu'en Néotropis ou ont des représentants occasionnels dans le royaume néarctique. Parmi eux sont les oiseaux-mouches (sur 319 espèces connues, 18 ont été trouvées jusqu'aux États-Unis), les fourniers (Furnariidés, 215 espèces), les tanagras (Tanagridés, 222 espèces), des tyrans « gobe-mouches » (365 espèces) et des fourmiliers (Formicariidés, 222 espèces).
L'histoire paléontologique de certains groupes de mammifères (et de quelques reptiles) est mieux connue que celle d'autres animaux terrestres et forme un fil conducteur pour l'étude des affinités zoologiques. On doit toujours se souvenir pourtant que différents groupes d'animaux ont divers moyens de dispersion et que les modes de distribution sont loin d'être semblables d'un groupe à l'autre.
Le paléontologiste G. G. Simpson divise les mammifères sud-américains en trois groupes : les « ancêtres », qui ont évolué au cours de l'isolement continental ; les « sauteurs d' îles », qui ont utilisé les îles apparues à diverses époques dans les mers environnantes pour gagner la Néotropis ; enfin les « nouveaux venus », qui sont entrés après l'établissement du pont continental. L'application de cette classification à des animaux comme les oiseaux et les insectes, au moyen de documents paléontologiques, fragmentaires, est difficile, mais plausible.
Les survivants de la faune néotropicale d'avant le Pléistocène comprennent les marsupiaux, les paresseux, les fourmiliers et les tatous. Seules deux espèces arboricoles de paresseux ont survécu ; jadis, des formes terrestres, souvent de grande taille, abondaient ; l'un, le Megatherium, dépassait l'éléphant avec ses six mètres de long.
L'Amérique du Sud a une importante faune de rongeurs dont plusieurs groupes si originaux qu'ils peuvent difficilement être considérés comme issus d'une évolution postérieure au Pliocène. Le cabiai, qui est le plus gros rongeur vivant, en est un exemple. Parmi les mammifères[...]
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Écrit par
- Marston BATES : professeur à l'université du Michigan, Ann Arbor, États-Unis
Classification
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