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AMÉRIQUE (Structure et milieu) Géographie

L'occupation humaine

Le peuplement de l'Amérique

Les premières hypothèses sur le peuplement de l'Amérique remontent au siècle même de la découverte du Nouveau Monde par l'Europe. Elles correspondent à la vision de l'époque, celle d'un monde à la fois chrétien et admirateur de l'Antiquité classique. Les explications proposées quant à l'origine de ces êtres, auxquels il a bien fallu, après maintes hésitations, reconnaître le statut d'homme (bulle du pape Paul III en 1537), se fondent donc sur la Bible et les textes des auteurs grecs et latins. C'est ainsi que les « Indiens » d'Amérique sont tour à tour considérés comme descendants des Assyriens, des Phéniciens, des Égyptiens, des Hébreux, des Troyens, des Grecs, des Étrusques, des Romains, des Scythes ; plus tard seront évoqués les Tartares, les Chinois, les Africains, les Vikings, les Basques et d'autres peuples encore.

Si toutes ces hypothèses sont depuis longtemps abandonnées, elles ont été remplacées par diverses théories pseudo-scientifiques qui s'obstinent à voir dans les Amérindiens les arrière-petits-fils de visiteurs extraterrestres, des rescapés de l'Atlantide ou de l'hypothétique continent de Mu. Qu'importe si les arguments sont tendancieux et si les faits archéologiques cités sont toujours faux ou déformés ; ils ne servent qu'à démontrer l'indéracinable besoin de merveilleux qui caractérise notre siècle.

En dehors de toute explication fantaisiste, le problème du peuplement initial de l'Amérique constitue une des questions majeures que se posent les préhistoriens spécialistes du Nouveau Monde. Il est l'objet d'une controverse sans cesse renouvelée et, curieusement, la masse grandissante des données apportées chaque jour par des découvertes nouvelles, tant dans le domaine de l'archéologie proprement dite que dans celui, inséparable, de la géologie du Quaternaire, semble contribuer davantage à compliquer et à multiplier les hypothèses qu'à clarifier le débat.

En effet et sans que l'on s'explique bien pourquoi, les discussions à ce propos revêtent presque toujours un aspect passionnel, nuisant à l'objectivité comme à la valeur des arguments utilisés.

C'est ainsi qu'il existe, principalement parmi les spécialistes nord-américains, une école conservatrice qui refuse d'admettre la possibilité d'une présence humaine en Amérique antérieure à 12 000 B. P. environ (beforepresent, c'est-à-dire avant 1950) ou 10 000 avant notre ère. Elle s'appuie encore, de manière consciente ou non, sur les arguments et les opinions catégoriquement négatives émises par l'anthropologue A.  Hrdlicka dans les premières décennies du xxe siècle. Pour lui, en effet, l'homme fossile américain n'existait pas et aucun vestige – reste humain, faune ou outil – ne pouvait être antérieur à un Postglaciaire d'ailleurs encore mal défini à l'époque (se terminant aux alentours de — 6000 ?). Le prestige de Hrdlicka était alors grand et ses conclusions probablement fondées en ce qui concerne les trouvailles qu'il avait eu à examiner. Mais ses continuateurs les érigèrent en dogme que les nouvelles découvertes et les progrès indéniables des techniques de fouille et de datation ont encore du mal à ébranler. Dès 1926, la découverte à Folsom (Nouveau-Mexique, États-Unis) d'un squelette de bison appartenant à une espèce disparue et associé à une pointe de projectile taillée obligea même les plus inflexibles à reculer à une dizaine de milliers d'années la limite fixée par Hrdlicka. Aujourd'hui cependant, les « conservateurs » les plus obstinés n'accordent guère qu'un âge de 11 000 ou 11 500 ans aux premiers témoignages qu'ils acceptent de considérer comme humains.[...]

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