AMÉRIQUE (Structure et milieu) Géologie
L'Amérique – ou, pour être plus précis, les Amériques – est constituée de trois ensembles présentant des différences marquées, tant dans leurs structures, héritées du passé géologique, que dans leurs géodynamiques actuelles : l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud sont clairement individualisées comme continents ; l'Amérique centrale et le domaine caraïbe, beaucoup plus complexes, font la liaison entre les deux continents, soit par une bretelle continue au niveau de l'Amérique centrale – dont la partie la plus étroite est l'isthme de Panamá –, soit par un complexe d'archipels discontinus au niveau du domaine caraïbe – dont l'arc insulaire des Petites Antilles est le plus dispersé.
Caractères généraux
Individualité et unité du continent américain
Au sens géologique, l'individualité et l'unité du continent américain sont relativement récentes. En effet, à la fin des temps carbonifères, il y a 280 millions d'années (million d'années : Ma), les deux Amériques étaient partie intégrante de la Pangée, qui rassemblait la totalité des continents, par opposition à la Panthalassa, qui formait un domaine océanique unique autour du futur océan Pacifique : ni l'océan Atlantique ni l'océan Indien n'existaient alors, non plus que la Téthys, océan aujourd'hui disparu : ces océans ne naîtront qu'au cours du Secondaire.
La première rupture dans la Pangée devait séparer deux ensembles continentaux : le Gondwana, au sud, rassemblant les futures Amériques du Sud, Antarctide, Afrique, Arabie, Madagascar, Inde et Australie ; la Laurasia, au nord, rassemblant les futures Amérique du Nord et Eurasie. Cette séparation se fit à l'occasion du développement de la Téthys, nouvel océan qui naquit à partir du Pacifique occidental et s'ouvrit progressivement en ciseaux vers l'ouest au travers de la Pangée, atteignant le domaine de la future Europe méridionale au Trias (il y a 240 Ma environ), le domaine du futur Atlantique central à la limite Trias-Lias (vers 200 Ma) et le futur domaine caraïbe à la limite Jurassique moyen-Jurassique supérieur (vers 160 Ma), pour enfin déboucher dans le Pacifique oriental à la fin du Jurassique (vers 140 Ma,). À ce stade, l'Amérique du Sud restait partie intégrante du Gondwana, et l'Amérique du Nord partie intégrante de la Laurasia, tandis que le golfe le plus occidental de la Téthys annonçait le domaine caraïbe, qui s'individualiserait complètement au cours du Crétacé.
L'indépendance des deux Amériques, du Sud et du Nord, par rapport à l'Afrique et à l'Europe allait naître avec l'océan Atlantique au cours du Crétacé et du Tertiaire. Cette indépendance apparaît au Crétacé inférieur pour l'Amérique du Sud, avec l'individualisation d'un rift continental entre Afrique et Amérique du Sud pendant le Jurassique et le Crétacé inférieur, rift qui est envahi timidement par la mer après que des formations d'évaporites (gypse, sels) se soient développées à la fin du Crétacé inférieur, les premiers dépôts franchement marins, tant au Gabon qu'au nord-est du Brésil, remontant à l'Aptien (110 Ma environ). L'Amérique du Nord se sépare progressivement de l'Eurasie au cours du Crétacé supérieur et de l'Éocène, pour s'en détacher complètement à la fin de l'Éocène (35 Ma environ). Cette histoire correspond à une nouvelle ouverture en ciseaux, du sud vers le nord, qui succède à celle de la Téthys, de l'est vers l'ouest, en lui étant superposée à l'emporte-pièce. Il y eut donc une époque – le Crétacé supérieur – au cours de laquelle l'Amérique du Sud était indépendante des autres continents, alors que l'Amérique du Nord était toujours rattachée à l'Eurasie. Le domaine caraïbe, quant à lui, n'acquit son indépendance qu'avec l'ouverture de l'Atlantique central, au milieu du Crétacé (100 Ma environ).[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- René BLANCHET : recteur à l'Académie de Nice
- Jacques BOURGOIS : docteur d'État, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Jean-Louis MANSY : professeur à l'université des sciences et techniques de Lille, docteur ès sciences
- Bernard MERCIER DE LÉPINAY : chargé de recherche au C.N.R.S., agrégé de l'Université, docteur ès sciences
- Jean-François STEPHAN : professeur à l'université de Nice-Sophia Antipolis, directeur de l'Institut de géodynamique
- Marc TARDY : agrégé de sciences naturelles (option sciences de la Terre), docteur d'État, professeur à l'université de Savoie
- Jean-Claude VICENTE : maître de conférences, département de géotectonique, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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