AMÉRIQUE (Structure et milieu) Géologie
Le domaine caraïbe et l'Amérique centrale
Situés entre les continents nord-américain et sud-américain, le domaine caraïbe et l'Amérique centrale appartiennent à la plaque Caraïbes, qui se déplace vers l'est à la vitesse relative de 2 centimètres par an environ. La sismicité actuelle révèle clairement la configuration de cette plaque.
Au nord, la plaque est limitée par le système décrochant senestre de Polochic-Motagua (ou transversale de Polochic-Motagua), la dorsale d'accrétion océanique de direction nord-sud des Caïmans (longue de 80 km et large de plus de 1 000 km), deux failles transformantes (failles de Swan et de l'Oriente), et le système décrochant senestre de Porto Rico (avec une composante de subduction de l'Atlantique sous les Caraïbes). À l'est, la subduction des Petites Antilles, qui détermine à son front le prisme d'accrétion de la Barbade, apparaît très nettement comme une zone à sismicité intense. Au sud, la plaque Caraïbes est séparée de l'Amérique du Sud par les failles décrochantes dextres d'El Pilar (de direction est-ouest) et de Bocono (de direction nord-est - sud-ouest), les chevauchements de la zone de Pamplona, en Colombie, qui témoignent d'un rapprochement est-ouest des plaques Caraïbes et Amérique du Sud, et la faille de Dolorès-Guayaquil, qui débouche dans le golfe de Guayaquil, en Équateur. Enfin, à l'ouest, les subductions de la plaque de Nazca (à regard est) et de la plaque des Cocos (à regard nord-est) sont soulignées par une zone à sismicité très intense.
Au sens géologique, le domaine caraïbe ne correspond pas exactement à ces limites. Ainsi la plaque Caraïbes actuelle incorpore-t-elle la frange nord de l'Amérique du Sud (chaîne andine du Venezuela et du nord de la Colombie), alors que Cuba et le bassin du Yucatán, à l'histoire géologique caraïbe, font maintenant partie de la plaque Amérique du Nord, depuis la phase laramienne de la limite Crétacé-Tertiaire (66 Ma).
Le domaine marin caraïbe
Le bassin du Yucatán est un petit bassin à croûte océanique épaisse de 7 kilomètres environ. Sa partie centrale, profonde de 4 500 mètres, est plane et remplie localement par des sédiments d'une puissance de près de 2 kilomètres. Sa partie méridionale est moins profonde (3 000 m environ), mais accidentée de reliefs allongés nord-est - sud-ouest à nord-nord-est - sud-sud-ouest. Cette orientation est celle des anomalies magnétiques qui ont été mises en évidence sur l'ensemble du bassin. Sa croûte est supposée dater du Crétacé terminal-début du Cénozoïque (de 70 à 60 Ma).
La ride et le fossé des Caïmans ont une orientation est-nord-est - sud-sud-ouest. La ride des Caïmans est une succession de petites dépressions et de hauts fonds récifaux déterminés par des failles normales parallèles à la ride. Elle possède une croûte continentale amincie (de 15 à 18 km d'épaisseur). Des roches volcaniques et plutoniques du tout début du Cénozoïque (de 64 à 60 Ma) y ont été draguées. Le fossé des Caïmans est étroit (130 km) et allongé (plus de 1 200 km) ; il s'agit d'un bassin océanique de profondeur moyenne – comprise entre 4 000 et 5 000 mètres –, dont la croûte a une épaisseur de 7 kilomètres environ. Morphostructures et anomalies magnétiques sont orientées nord-sud dans la partie centrale du fossé et nord-est - sud-ouest à son extrémité orientale. Il s'agit d'une zone d'accrétion océanique active, avec une vallée axiale (rift) à plus de 5 600 mètres de profondeur et des flancs constitués de panneaux océaniques faillés et basculés. La vitesse d'ouverture est de 2 centimètres par an environ depuis la limite Éocène-Oligocène (35 Ma). Le fossé des Caïmans est limité par de grands décrochements senestres : la faille de Bartlett/Oriente, au nord, et celle de Swan, au sud.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- René BLANCHET : recteur à l'Académie de Nice
- Jacques BOURGOIS : docteur d'État, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Jean-Louis MANSY : professeur à l'université des sciences et techniques de Lille, docteur ès sciences
- Bernard MERCIER DE LÉPINAY : chargé de recherche au C.N.R.S., agrégé de l'Université, docteur ès sciences
- Jean-François STEPHAN : professeur à l'université de Nice-Sophia Antipolis, directeur de l'Institut de géodynamique
- Marc TARDY : agrégé de sciences naturelles (option sciences de la Terre), docteur d'État, professeur à l'université de Savoie
- Jean-Claude VICENTE : maître de conférences, département de géotectonique, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
Autres références
-
AMAZONE, fleuve
- Écrit par Pierre CARRIÈRE
- 2 326 mots
- 2 médias
-
AMÉRIQUE LATINE - Les religions afro-américaines
- Écrit par Roger BASTIDE
- 3 175 mots
- 1 média
-
ARAUCANS
- Écrit par Simone DREYFUS-GAMELON
- 1 056 mots
Araucan est un mot forgé au xvie siècle par Ercilla, poète espagnol, à partir d'un nom de lieu indigène. Depuis lors, son usage s'est imposé en ethnologie pour désigner un ensemble de populations qui, parlant la même langue et culturellement apparentées, occupaient, à l'arrivée des conquistadores,...
-
ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN
- Écrit par Jacques GODECHOT et Clément THIBAUD
- 13 670 mots
- 12 médias
Leif Eriksson n'aurait pas été le seul à aborder « l'Amérique ». Les sagas(récits) scandinaves racontent que son frère Thorwald aurait également abordé au Vinland en 1003. Il y aurait lutté contre les indigènes et aurait péri au cours d'un combat. En 1006, Thorstein, un autre frère de Leif,... - Afficher les 29 références