AMÉRIQUES (E. Varèse)
Avec sa pièce pour grand orchestreAmériques, composée entre 1918 et 1921 et créée à Philadelphie le 9 avril 1926 par l'Orchestre de Philadelphie dirigé par Leopold Stokowski, Edgar Varèse s'affirme véritablement comme l'architecte des sons inouïs. À l'instar du Pierrot lunaire de Schönberg (1912) ou du Sacre du printemps de Stravinski (1913), Amériques consomme en effet une nouvelle rupture avec l'héritage musical du xixe siècle : le son y est considéré comme un matériau brut, le centre de la pensée du compositeur consistant à ouvrir plus largement à la musique la totalité de l'univers sonore. Mais, bien que Varèse mette à profit de nouveaux moyens techniques capables de produire des sonorités jamais entendues (nouveaux modes d'attaque, oppositions systématiques de tessitures et d'intensités...), Amériques n'est pas pour autant une œuvre bruitiste mais bien un morceau de musique pure, le bruit n'étant pour Varèse qu'un « son en formation ». L'œuvre, saluée par des sifflets et des huées, ne fera malheureusement que conforter les détracteurs de Varèse : « Symphonie pour voiture de pompiers et marteaux piqueurs » lira-t-on dans la presse. De plus, abusé par le titre, le public croyait à un hommage à l'Amérique ; à ce malentendu, Varèse répondra qu'il ne considérait pas ce titre « comme descriptif d'un endroit géographique, mais plutôt comme symbolique des découvertes de nouveaux mondes sur la Terre, dans l'espace ou, encore, dans l'esprit des hommes ».
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Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
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