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AMIDA

Amida est la forme sino-japonaise du sanskrit Amitayus (« la Vie éternelle ») et Amitābha (« la Lumière éternelle »). Le « bouddha » Amida est le moine Dharmakara qui, refusant la bouddhéité tant que l'humanité tout entière ne serait pas sauvée, s'est volontairement arrêté sur le chemin de l'illumination pour venir en aide à ses semblables. À l'inverse du développement des sectes ésotériques Tendai et Shingon, florissantes à l'époque de Heian (794-1192), la croyance en Amida et la vénération qu'on lui porte sont des phénomènes populaires, développés sur une grande échelle au Japon à l'époque de Kamakura (1185 ou 1192-1333).

L'expansion de l'amidisme

Amida était connu depuis longtemps en Inde, en Chine, au Tibet et même au Japon, depuis l'époque de Nara, où le célèbre voyageur Ennin avait rapporté de Chine la pratique de la méditation sur le nom d'Amida ; mais les impasses dans lesquelles finissaient par s'enliser la spéculation philosophique, les troubles tant physiques que moraux et le pessimisme né des guerres incessantes durant cette période créèrent un courant charitable et consolateur en faveur de l'existence d'un monde plus juste, où bons et méchants étaient traités selon leurs actes. La foi en Amida ouvrait la porte d'un paradis, le Gokuraku sekai (« Monde du suprême plaisir ») ou Jōdo (« Terre pure »), situé à l'Ouest, et d'où l'on accédait facilement à la bouddhéité. En revanche, les entrailles de la terre renfermaient un enfer où les méchants expiaient leurs forfaits. Exprimer sa foi consistait à répéter la formule sacrée Namu Amida Butsu (« Sauve-nous, Bouddha Amida »).

L'année 1052 – selon le comput chrétien – ayant été décrétée l'an I de la décadence générale, le bouddhisme connut alors un renouveau aux racines plus sentimentales qu'intellectuelles. Les optimistes, ceux qui pensaient avec une nuance d'individualisme que l'homme pouvait trouver en lui-même les ressources pour assurer son salut personnel, se livrèrent aux exercices de l'école connue en japonais sous le nom de zen(chan en chinois). On dit d'eux qu'ils choisissaient la voie difficile, par opposition aux amidistes qui, désespérant des forces de la pauvre humanité, préféraient s'en remettre à la compassion efficiente d'un intercesseur.

Dès le xe siècle, Kūya (903-972), moine du mont Hiei, près de Kyōto, parcourait villes et marchés, rassemblant le peuple dans son invocation d'Amida. Le moine Genshin (942-1017), du même monastère, sentait le besoin d'apporter à tout humain, fût-il sans force morale ou physique, un moyen de salut. Une secte de tendance amidiste, Yūzū Nembutsu (Nembutsu en communion), fut fondée par Ryōnin (Shoodaishi, 1072-1132), mais ce fut Hōnen (Genkū ou Enko-daishi, 1133-1212) qui créa en 1174 le Jōdo-shū (secte de la Terre pure). L'amidisme est dans la tradition exclusive du Grand Véhicule ( Mahayana), à l'opposé du zen qui emprunte considérablement au Petit Véhicule (Hinayana). Il instaurait un puissant courant monothéiste, en opposition au polythéisme des sectes ésotériques. Renouvelé en 1224 par Shinran Shōnin sous la forme du Jōdo shinshū (la vraie secte Jodo), fondation contemporaine du combatif Nichiren (1253), l'amidisme connut la popularité jusqu'à nos jours. Quand François-Xavier arriva au Japon au xvie siècle, c'est dans le bouddhisme amidiste qu'il crut un moment trouver une forme extrême-orientale du christianisme.

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales

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