AMINOACIDES INDISPENSABLES
Au début du xxe siècle, les recherches de Wilcock et de Hopkins montrèrent que certaines protéines (gélatine, zéine) sont incapables, malgré un apport azoté quantitativement suffisant, de maintenir l'équilibre nutritif de l'animal et d'assurer sa croissance. L'adjonction à ce régime de certains acides aminés, tel le tryptophane, améliore l'efficacité nutritive. De même, Osborne et Mendel montrent que la lysine est indispensable à la croissance du rat et concluent de leurs expériences « que la valeur nutritive des diverses protéines est fonction de leur composition en certains acides aminés qui ne peuvent être synthétisés par l'organisme de l'animal et qui lui sont ainsi indispensables ». Ces composés doivent donc être nécessairement apportés par l'alimentation. La liste des acides aminés indispensables ou « essentiels » n'est pas la même pour toutes les espèces animales, ce qui signifie que les possibilités de synthèse ne sont pas identiques. Les ruminants, en particulier, ont en ce domaine, grâce à leur flore intestinale, des ressources ignorées de la plupart des autres espèces. Chez le rat, dix acides aminés sont rigoureusement indispensables pour couvrir les besoins d'entretien et de croissance : arginine, histidine, leucine et isoleucine, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine, tryptophane, valine. L'arginine et l'histidine ne semblent pas indispensables à l'homme. Ces résultats, d'un grand intérêt pratique, ont été établis principalement par W. C. Rose et ses collaborateurs, à l'aide d'expériences dont voici le principe : on nourrit de jeunes rats avec le régime comprenant des glucides, des lipides, des sels, des vitamines, et un mélange de L-acides aminés purs. Un acide aminé est indispensable si sa suppression provoque un arrêt de la croissance et une perte de poids.
L'existence d'acides aminés indispensables traduit l'impossibilité pour l'organisme animal de réaliser leur synthèse à partir d'autres composés ; mais cette impossibilité est elle-même à deux échelons. En effet, une première catégorie d'acides aminés indispensables comprend ceux dont la synthèse, même partielle, ne peut être effectuée par l'organisme (lysine, thréonine). La seconde catégorie est celle des acides aminés indispensables qui subissent un processus de désamination réversible : ils peuvent être remplacés dans les expériences de nutrition par leurs isomères de la série D et par leurs dérivés α-cétoniques ou α-hydroxylés ; leur caractère indispensable vient de ce que leur copule carbonée ne peut être synthétisée à partir d'autres acides aminés ou de composés non protéiques.
La valeur biologique d'une protéine ne peut s'exprimer par sa teneur en azote mais bien par sa composition en acides aminés. Cette notion permet de comprendre la nécessité d'un excédent de protéines dans la ration alimentaire pour couvrir d'une façon satisfaisante les besoins qualitatifs en acides aminés. Les protéines des œufs, du lait, du rein et du foie possèdent une grande valeur biologique, car elles contiennent tous les acides aminés essentiels. En revanche, les protéines végétales n'en contiennent que de faibles quantités, d'où l'intérêt d'établir une ration mixte comportant des proportions favorables de protéines d'origines animale et végétale (30 p. 100 des premières au maximum).
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Écrit par
- Geneviève DI COSTANZO : docteur en médecine, docteur ès sciences, chargée de recherche au C.N.R.S.
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