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AMIR KABIR, MIRZĀ TAQĪ KHAN NEZĀM dit (1804/05 env.-1852)

Issu d'une famille modeste, Mirzā Mohammad Taqi Khān Amir Nezām, plus connu sous le nom de Amir Kabir (le « Grand Émir »), est l'un des hommes politiques les plus remarquables de la Perse qādjār ; il est considéré comme un précurseur du mouvement constitutionnel et l'un des fondateurs de l'Iran moderne. Né vers 1804-1805, dans un village du Farahān (au nord de Arak), il était le fils d'un cuisinier de Mirzā ‘Isā Bozorg Qā'em Maqām, vizir du prince héritier ‘Abbās Mirzā. Ce vizir se chargea de l'éducation de Mohammad Taqi et en fit son secrétaire. À sa mort (1822), Mohammad Taqi passa au service de son fils aîné, Mirzā Abu'l-Qāsem Qā'em Maqām, qui devint vizir de Mohammad Shāh et fut assassiné peu après son entrée en fonction (1835). Ce fils de Qā'em Maqām lui confia des missions importantes, dont un voyage en Russie (1829) après le meurtre à Téhéran de l'ambassadeur Griboïedov. Sous Mohammad Shāh, il se vit confier d'autres missions : participation à la rencontre du tsar Nicolas Ier à Erivan' (1837) ; représentation de l'Iran à la Conférence d'Erzurum (règlement de litiges frontaliers irano-ottomans, 1843-1846).

Au moment de la mort de Mohammad Shāh (sept. 1848), il était ministre de l'Armée et se trouvait à Tabriz avec le prince héritier Nāseroddin Mirzā. Alors que la reine mère tentait de maintenir l'ordre à Téhéran, il parvint à trouver les fonds pour fournir les forces militaires nécessaires à l'intronisation du jeune Nāseroddin Shāh à Tabriz puis à Téhéran (oct. 1848). Dès qu'il avait été informé de la situation confuse qui régnait à Téhéran, le jeune souverain avait désigné Mirzā Taqi Khān comme grand vizir ; ce choix ne tarda pas à provoquer la jalousie des courtisans ; dès mars 1849, une faction souleva contre lui des gardes de la citadelle de Téhéran.

Tout en ayant à assurer sa position à la cour, il dut réduire les révoltes qui sévissaient un peu partout en Iran, et notamment celle du Sālār au Khorāssān. Ayant hérité d'une situation politique très troublée, d'une administration désorganisée et d'un trésor vide, il réorganisa les finances, réduisit les émoluments exagérés des hauts dignitaires et les fraudes. Ses réformes portèrent aussi sur l'armée et sur l'enseignement (création du Dār al-fonun, « maison des Arts », sorte d'école polytechnique à l'occidentale, inaugurée peu avant sa mort). Pour redresser l'économie, sa doctrine fut essentiellement celle du protectionnisme : encouragement de l'artisanat ; construction d'usines (sucreries, verreries, papeteries, filatures, fabriques de porcelaine, etc.) ; exploitations minières ; développement de l'agriculture par l'amélioration de l'irrigation, l'encouragement à la culture du coton, de la canne à sucre, de l'opium ; amélioration des systèmes de taxation pour favoriser le commerce, surtout l'exportation de la soie.

Ses efforts pour renforcer le gouvernement central et ses initiatives de laïcisation lui attirèrent l'opposition de certains uléma et ceux-ci lui forcèrent souvent la main dans la répression du bābisme. Sa lutte contre la corruption et les privilèges lui attira une foule d'opposants au sein de la classe dirigeante. Une faction courtisane groupée autour de la reine mère parvint à convaincre le jeune Nāseroddin Shāh que les ambitions de son vizir lui portaient ombrage. Destitué de ses fonctions (nov. 1851), Amir Kabir fut exilé à Kāshān. Il croyait avoir retrouvé la confiance et la grâce de son souverain lorsque, cédant à la pression de ladite faction, celui-ci le fit exécuter aux bains de Fin, près de Kāshān (janv. 1852). Après avoir désigné comme vizir Mirzā Āqā Khān Nuri, un des principaux instigateurs de la chute d'Amir Kabir, Nāseroddin Shāh (qui[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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