AMORRITES ou AMORRHÉENS
Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.
Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par les scribes mésopotamiens, qui ont laissé, à ce sujet, des écrits de deux genres : d'une part, des éléments de chroniques, des lettres et des documents officiels ou privés en sumérien ou en akkadien ; d'autre part, quelque six mille noms propres issus de listes, vestiges de langues amorrites, appartenant au groupe des langues sémitiques du Nord-Ouest.
Le peuple amorrite est resté organisé, suivant la tradition sémitique, en tribus, en clans et en familles. Ces groupes de pasteurs de petit bétail, refoulés dans la steppe et la montagne qui séparent le désert de la zone des cultures mésopotamiennes, disputent la frange des oasis à leurs voisins sédentaires, pratiquent la razzia à leurs dépens et sont capables de ruiner les villes si les rois mésopotamiens ne les arrêtent pas. Mais, plus souvent, les groupes faméliques de la steppe viennent se louer comme bergers, travailleurs de force ou soldats, avant d'adopter la vie sédentaire en Mésopotamie.
Les relations entre les deux cultures sont fort anciennes, mais n'ont laissé que peu de traces dans les premiers siècles : une liste d'Amorrites, à Fara (Sumer), xxvie siècle ; la campagne d'un roi d'Akkad dans la montagne amorrite, xxiie siècle. On connaît mieux, par contre, l'expédition menée chez les Amorrites, aux pays de Tidanou et de Martou, par Goudéa, le Seigneur de Lagash (en basse Mésopotamie), vers 2140. Ce prince ne parlant que de l'extraction des pierres qui ont orné ensuite le temple de Girsou, près de Lagash, on peut en conclure à des rapports commerciaux entre les deux pays. Puis, brusquement, le déclin du grand royaume de la IIIe dynastie d'Our provoque les attaques des gens d'Amourrou, contre qui le roi d'Our élève une muraille au nord de la basse Mésopotamie (2033). Mais, bientôt, la dynastie d'Our disparaît (2003), remplacée par des dizaines de petits ou minuscules royaumes de culture suméro-akkadienne. De leur côté, des bandes de guerriers amorrites se constituent des domaines, sous l'autorité de chefs qui finiront par se proclamer rois dans les villes qu'ils occupent (Kish, Larsa, Sippar, Babylone, Mari, Assour, etc.). Beaucoup d'entre eux sont des souverains éphémères ou des conquérants sans héritier de valeur.
Si la première place revient à la dynastie amorrite fondée à Babylone (vers 1894), qui réunifie la Mésopotamie sous Hammourabi (1753) et se maintient jusqu'en 1595, il n'y a que les archives royales de Mari (sur le moyen Euphrate) qui éclairent l'évolution des rapports entre cultures en Mésopotamie. C'est une dynastie amorrite qui règne à Mari, mais le palais emploie des scribes qui utilisent une variante de l'akkadien. Le roi s'appuie sur le peuple amorrite des Hanéens, qui occupe la région de Mari et commence à adopter la vie sédentaire. Par contre, à la périphérie du royaume, le peuple amorrite des Benjaminites – essentiellement des pasteurs – reste à peu près indépendant et souvent hostile.
Mais, après la prise de Mari (1759) par les Babyloniens, les sources manquent pour connaître l'évolution des peuples de la Mésopotamie. Vraisemblablement, les Amorrites qui avaient pénétré au « pays des deux fleuves » se sont assimilés aux sédentaires ou ont été finalement refoulés vers les abords du désert. Quand la dynastie de Babylone disparaît (1595), la royauté en Mésopotamie passe à d'autres étrangers (les Kassites) utilisant les scribes qui écrivent le sumérien et l'akkadien, et il n'est plus question des Amorrites. Mais ce sont probablement eux qui, après avoir[...]
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Écrit par
- Gilbert LAFFORGUE : maître assistant à l'université de Paris-Sorbonne
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