MILBURN AMOS (1926-1980)
Chanteur au timbre velouté, pianiste puissant et virtuose, aussi à l'aise dans les ballades tendres, les blues à l'atmosphère mourante ou les boogie-woogies endiablés, Amos Milburn, né le 1er avril 1926 à Houston (Texas), a connu à partir de 1946 une décennie de célébrité. Il accumule alors succès sur succès auprès du public noir californien. Il faut notamment retenir sa célèbre « saga alcoolique » (Bad Bad Whiskey ; Let me Go Home, Whiskey ; One Scotch, One Bourbon, One Beer...), dont la plupart des titres sont devenus des standards du blues.
Mais Amos Milburn fut avant tout très influencé par les grands pianistes de boogie-woogie, Pete Johnson et Albert Ammons notamment. Il ne se contente pas de reprendre leurs manières de jouer mais prolonge, développe et affine leurs styles pour aboutir à un toucher personnel et irrésistible qui le classe parmi les tout meilleurs pianistes du genre. Lorsqu'il choisit de s'entourer d'une forte section de cuivres et d'une rythmique puissante, Amos Milburn apparaît aussi à la fin des années 1940 comme un des grands concepteurs du rhythm and blues. Ses boogie-woogies sont des modèles d'invention, de swing constant, de rythme dansant portés à leurs paroxysmes. Chicken Shack Boogie, Down the Road Apiece, Hold me Baby, Greyhound, Aladdin Boogie, Train Whistle Blues, Let's Have a Party demeurent d'authentiques chefs-d’œuvre. Ces boogie-woogies influenceront d'ailleurs directement les « pionniers » du rock 'n' roll – Chuck Berry, Fats Domino, Little Richard –, mais aussi Wanda Jackson ou Bill Haley.
Mais, comme beaucoup d'autres artistes noirs de rhythm and blues qui ont été à l'origine directe du rock 'n' roll, Amos Milburn ne pourra ni ne saura intégrer ce courant qu'il a pourtant largement contribué à créer. Trop ancré dans les ghettos noirs, il ne parviendra pas à obtenir les faveurs d'un public essentiellement adolescent et blanc. Après 1953, ses succès se font rares et il n'enregistre plus que sporadiquement. Bientôt, il n'a plus les moyens de payer son orchestre et il ne se produit plus qu'en soliste dans de petits piano-bars. Son alcoolisme chronique n'arrange rien et il sombre peu à peu dans la démence, réussissant parfois ici et là à retrouver le chemin des studios pour des disques qui ne sont que de pâles copies de ses réussites. Ces dernières sont réunies sur l'album Blues, Barrelhouse & Boogie Woogie : 1946-1955 (Capitol). Amos Milburn meurt à Los Angeles le 5 octobre 1980.
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Écrit par
- Gérard HERZHAFT : écrivain
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