AMPHITHÉÂTRE
L'amphithéâtre est l'un des édifices les plus répandus et les plus caractéristiques du monde romain. Créé en Italie méridionale (Campanie) vers la fin du iie siècle avant notre ère, ce type de monument continua à être construit dans de nombreuses villes jusqu'au début du iiie siècle après J.-C. Il fut conçu spécialement pour le déroulement de spectacles violents et onéreux devenus très populaires, et dont le caractère sacré d'origine ne cessa de s'estomper : les combats de gladiateurs (munera), auxquels furent associés bientôt les combats d'animaux (venationes). Ceux-ci, offerts par de généreux donateurs, répondirent à un besoin fondamental de la société romaine. Utilisés à des fins publicitaires par les candidats briguant une charge publique à l'époque républicaine, ils seront donnés ensuite au profit exclusif de l'empereur.
Les plus grands amphithéâtres étonnent par l'ampleur de leurs proportions, mais de modestes édifices furent réalisés aussi dans de petites villes aux ressources limitées et, aux frontières de l'Empire, près des camps de la légion. Or, malgré l'importance majeure de ce type de monument, création incontestable de l'architecture romaine, aucun auteur antique, pas même Vitruve, ne nous a livré les secrets de sa conception originale : seules les recherches scientifiques récentes qui lui ont été consacrées ont permis de combler cette lacune. En effet, les vestiges connus de plus de deux cents amphithéâtres, les quelques informations fournies par les textes et la bonne connaissance du contexte historique au sein duquel l'édifice apparut nous ont éclairés sur la manière dont il fut conçu et réalisé.
La genèse de l'amphithéâtre
Après avoir été donnés à l'origine dans une nécropole auprès de la tombe d'un guerrier valeureux, les combats de gladiateurs, devenus davantage spectacle que rite, furent transférés sur le forum (comme cela est attesté à Rome, Pompéi, ou Cosa). L'augmentation du nombre des combattants et le changement de nature du spectacle expliquent sans doute cette évolution et le choix de ce premier cadre monumental. On délimitait alors, par une palissade, une simple aire de combat sur l'espace oblong de la place publique, entourée pour la circonstance de tribunes de bois destinées au public. Il est évident que la forme rectangulaire de la place conditionnait celle de ces constructions de bois amovibles et que l'existence des bâtiments périphériques du forum en limitait l'extension.
On ne sait pas si l'on chercha à perfectionner le fonctionnement des extrémités de l'aire de combat primitive en les disposant en hémicycle, mais il est certain, en revanche, que la forme idéale de l' arène, celle d'une ellipse, ne fut réalisée qu'à partir du moment où l'on décida de concevoir sur un espace libre, à la périphérie de la ville, un édifice d'un type nouveau et bien adapté aux problèmes techniques posés par le déroulement des munera et des venationes. Hors du quadrilatère étriqué du forum, le monument destiné aux combats put être doté d'une arène elliptique qui ajoutait à son allongement traditionnel une courbure générale très favorable à l'évolution des combattants (suppression des angles morts) et à la perception visuelle globale du spectacle par le public assis sur les gradins (amélioration des angles de vue des spectateurs). L'importance de la perception visuelle était fondamentale dans l'amphithéâtre, comme l'indique aussi sans doute le nom utilisé pendant longtemps pour le désigner (spectacula). Ce mot, employé au pluriel, reflète-t-il l'intention première des architectes d'accoler deux théâtres semi-circulaires de façon à déterminer, à proprement parler, un « amphi-théâtre » (double théâtre, ou un théâtre entièrement refermé[...]
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Écrit par
- Jean-Claude GOLVIN : directeur de recherche au C.N.R.S.
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