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AMPHORES (commerce)

Les amphores sont des vases de transport en terre cuite munis de deux anses, utilisés depuis le milieu du IIe millénaire jusqu'à la fin de l'Antiquité (leur usage subsiste encore dans certaines régions, comme l'Égypte moderne).

D'une capacité qui variait de 3 ou 4 litres à une trentaine de litres (la moyenne se situant autour de 25 litres), leurs contenus étaient variés : vin, huile, poisson en saumure, olives, miel, fruits secs (amandes, dattes...), etc. Mis à part les sacs qui servaient au transport des céréales (et dont toute trace archéologique a disparu), les amphores constituent le grand emballage de l'Antiquité et correspondent aux bouteilles, bocaux, boîtes de conserve, jerricans de notre temps.

La forme de l'amphore permettait de reconnaître immédiatement (sans autre signe distinctif ni étiquetage) une provenance et un contenu. Chaque cité productrice d'amphores possédait ainsi un ou plusieurs types d'amphores destinés à un produit unique : ainsi connaît-on l'amphore à vin et l'amphore à huile de Corinthe, et l'île de Chios authentifiait la forme de son amphore vinaire en la représentant sur ses monnaies. Un Ancien reconnaissait immédiatement une amphore de Rhodes contenant du vin, le type le plus répandu dans le monde hellénistique.

À cette indication globale de la forme s'ajoutait souvent, surtout à l'époque hellénistique, la précision supplémentaire d'un (ou de deux) timbres(s) imprimé(s) dans l'argile fraîche d'une (ou des deux) anse(s) ou, plus rarement, sur le col. Ces timbres portent parfois un symbole officiel de la cité (rose ou buste du Soleil à Rhodes), ou bien une exacte reproduction d'un type monétaire : pour Cyrène, le palmier et le silphium, véritable panacée du monde antique, qui a tant contribué à la célébrité et à la richesse de la grande cité africaine ; pour Chios, le sphinx ; pour Samos, le protomé de taureau ; et même parfois un ethnique, par exemple les deux premères lettres de l'ethnique SA pour Sa(miôn), « des Samiens ».

En outre, ces timbres amphoriques fournissent souvent d'autres renseignements, tels que le nom d'un fabricant, sans que l'on puisse décider s'il s'agit d'un potier, d'un propriétaire de poterie ou même du propriétaire terrien sur le domaine duquel fonctionnait une poterie. Les amphores étaient fabriquées par des particuliers mais la cité exerçait un certain contrôle comme le prouvent d'autres indications sur le timbre, telles que le nom d'un éponyme de la cité (à Rhodes, le prêtre du Soleil ; à Cnide, le démiurge ; à Thasos, le kéramarque, magistrat spécialement affecté à la vérification de la production amphorique), sans que l'on sache à quoi s'appliquait exactement le contrôle de l'État : capacité des amphores, taxes d'exportation...

Les quantités en jeu étaient énormes : le musée d'Alexandrie possède plus de 100 000 anses timbrées représentant presque autant d'amphores, des papyrus égyptiens nous ont conservé des contrats de location de poteries dans lesquels les potiers s'engageaient à produire plus de 15 000 amphores par an dans leur atelier, et enfin les dépotoirs de fours antiques contiennent encore des dizaines de milliers d'amphores brisées sur place, ratés ou débris de cuisson.

Peu commodes pour tout transport terrestre (pour lequel on utilisait plus volontiers des récipients de peau), les amphores sont adaptées au fret maritime (et ont peut-être été conçues spécifiquement pour cet usage ?) : elles fournissent donc l'indice d'une production agricole assez riche pour dégager un excédent et assez organisée pour trouver des débouchés et pour créer des courants d'échange qui dépassent le cadre local. Les apports des amphores à l'archéologie sont remarquables[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Centre d'études alexandrines

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