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AMSTERDAM (JEUX OLYMPIQUES D') [1928] Contexte, organisation, bilan

Quand s'ouvrent les jeux Olympiques d'Amsterdam, cela fait déjà plus de sept ans que le lieu de la célébration des VIIIes jeux Olympiques d'été célébrant la IXe olympiade de l'ère moderne est connu. En effet, Amsterdam s'est vue désignée ville d'accueil des jeux Olympiques de 1928 le 2 juin 1921 : ce jour-là, lors de la dix-neuvième session du C.I.O. tenue à Lausanne, la ville de Paris fut choisie pour 1924 ; en contrepartie de son désistement demandé par Coubertin, Amsterdam obtint les Jeux de 1928.

Dix ans après la fin de la Grande Guerre, les jeux Olympiques semblent enfin libérés de l'oppression de la géopolitique internationale, et Amsterdam, sorte de havre de paix avec ses canaux tranquilles, semble un cadre parfait pour que le rendez-vous quadriennal constitue le symbole de ce recul des tensions. En 1924, Coubertin eût souhaité que l'on parlât à Paris de « Jeux de la réconciliation » ; mais, au grand dam du baron, ce ne fut pas le cas, puisque le gouvernement français n'invita pas les Allemands. Ces Jeux d'une « réconciliation » sans nul doute factice ont donc pour cadre Amsterdam. Mais les tensions sont-elles réellement apaisées, la rivalité franco-allemande est-elle vraiment éteinte ? Certes non. Une altercation à la veille du début des Jeux en apporte la preuve. Les athlètes français, conduits par Paul Méricamp, secrétaire général de la Fédération française d'athlétisme, souhaitent reconnaître les installations du stade olympique ; l'irascible gardien de ce stade leur en interdit l'entrée alors que, quelques minutes plus tôt, le cerbère a ouvert les portes à une cohorte que Paul Méricamp soupçonne être la délégation allemande. Les choses s'enveniment et le planton porte la main au visage de Paul Méricamp ; bagarres et bousculades s'ensuivent... Le capitaine George Van Rossem, secrétaire général du comité d'organisation des Jeux, présente rapidement des excuses. Mais, le lendemain, un des bus qui conduisent les sportifs français au stade olympique pour le défilé inaugural de la cérémonie d'ouverture se voit refuser l'entrée, faute d'un laissez-passer officiel. L'incident prend des proportions démesurées : les Français ne participent pas à la cérémonie, et les ministères des Affaires étrangères français et néerlandais doivent intervenir pour éviter l'incident diplomatique ! Durant les Jeux, la presse française mettra en avant une prétendue germanophilie des Néerlandais...

Quant à Coubertin, malade, il ne peut pas assister aux Jeux d'Amsterdam. Le baron, qui a cédé la présidence du C.I.O. le 28 mai 1925 au comte belge Henri de Baillet-Latour, adresse aux participants un message en forme d'adieu et de testament olympique : « Je vous demande de conserver et d'entretenir parmi vous la flamme de l'olympisme rénové et de maintenir les principes et les institutions qui lui sont nécessaires... » Dans sa lettre, Coubertin revient sur l'égalité entre les grandes catégories de sports, les concours d'art, le cérémonial olympique, l'autorité du C.I.O., « dont le recrutement indépendant garantit le maintien des traditions sans que cela doive impliquer d'immixtion gênante dans les questions techniques », sur l'esprit sportif et la notion d'amateurisme : « L'important est qu'à tous les degrés, de l'adolescent à l'homme mûr, on travaille à l'esprit sportif, fait de loyauté spontanée et de désintéressement chevaleresque. » Ce message émouvant, noyé dans de multiples communiqués concernant l'organisation des Jeux et diverses brochures distribuées aux journalistes, ne retient guère l'attention de la presse et ne connaît pas grand écho... Mais ce dédain même ne signifie-t-il pas que la pérennité des jeux Olympiques ne dépend plus de la personnalité de Coubertin ? Le faible écho donné au « testament » du baron ne constitue-t-il pas,[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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