AMSTERDAM
Les « façades à goulot »
Mais les idéaux d'un classicisme plus sévère venant d'Italie et de France s'infiltrent et font disparaître le goût pour les gaies briques rouges. Les pignons à redans ne satisfont plus, alors qu'on est sorti des petites rues étroites pour venir habiter le long des Grachten. C'est Philip Vingboons qui va marquer de son style la plupart des grandes maisons bâties le long des canaux circulaires nouvellement creusés. Il essaiera toutes sortes de façades, mais c'est lui qui le premier construira ce halsgevel (façade à goulot) si typique d'Amsterdam. Cette curieuse façade s'est répandue dans tous les pays du monde : à New York (d'après de vieilles estampes), en Afrique du Sud, à Dantzig, à Copenhague, à Djakarta, à Formose, à Ceylan, etc. On la couvrira de couleurs sombres, de vert, de noir, on l'ornera selon les types les plus divers, mais elle se maintiendra dans sa forme caractéristique, qui la rend éminemment populaire. Cette forme connaît des variantes, par exemple des pignons en forme de cloche qui, sous l'influence des styles français, s'aplatit jusqu'à devenir une corniche horizontale, gardant en son milieu une crête pour cacher le comble. Mais les toits hollandais sont construits avec cette pente très aiguë que suivaient exactement les anciens pignons à redans. Les maisons, très étroites, ont presque toutes leur pignon tourné vers la rue ; pour cacher la pointe du toit, il fallait donc poser la corniche à mi-hauteur de ce toit. C'est ainsi que les sommets de ce type de façade se détachaient directement dans l'air, ce qui, dans ce pays si humide les rendait extrêmement fragiles. Une autre difficulté résidait dans la nécessité de loger la lucarne dans la crête, pour pouvoir y hisser les marchandises. À ces endroits, les corniches sont forcément interrompues. Ainsi, on ne trouve que très peu de maisons munies de corniches purement horizontales de style Louis XVI. Remarquable est le goût avec lequel on a construit les entrepôts : très sombres, monumentaux, avec des façades rythmées, ils forment un beau complément aux maisons plus décorées.
Ainsi, en ce siècle d'or, Amsterdam nous apparaît comme une cité commerciale pleine de vitalité, avec ses canaux circulaires, ses fortifications et, sur le port, cet hôtel de ville orgueilleux et monumental.
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Écrit par
- Élodie VITALE : docteur de troisième cycle en esthétique
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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