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KARPOV ANATOLI (1951- )

Champion d'échecs russe qui domina le jeu du milieu des années 1970 au milieu des années 1980. Anatoli Evguénievitch Karpov est né le 23 mai 1951 à Zlatooust, dans l'Oural. Il découvre les échecs dès l'âge de quatre ans, à la Maison des pionniers de sa ville natale, est classé en première catégorie à neuf ans et, à douze, suit l'enseignement de Mikhaïl Botvinnik à Moscou. Champion d'Europe junior en 1967 à Groningen (Pays-Bas), champion du monde junior en 1969 à Stockholm, l'ancien enfant prodige devient l'année suivante grand maître international. Entre-temps, il a accédé au comité central du Komsomol, l'organisation de jeunesse du Parti communiste de l'Union soviétique, et a entamé à l'université de Leningrad (actuellement Saint-Pétersbourg) des études d'économie conclues en 1972 par un mémoire sur la signification économique du loisir en régime socialiste (il n'y est pas fait mention des échecs).

En quelques années, ses succès échiquéens installent Anatoli Karpov au premier rang et, en 1974, c'est lui qui remporte le tournoi des candidats devant ses compatriotes Boris Spassky et Viktor Kortchnoï, obtenant ainsi le droit de disputer la couronne mondiale à Bobby Fischer. Mais les deux champions ne se rencontreront jamais. En désaccord avec la Fédération internationale des échecs (F.I.D.E.) au sujet des conditions d'organisation du match, l'Américain renonce à défendre son titre ; Anatoli Karpov est désigné champion du monde en décembre 1975. Sacré par défaut, il n'en domine pas moins le jeu pendant dix ans, défendant victorieusement son titre à deux reprises contre Viktor Kortchnoï, ex-citoyen soviétique devenu réfugié politique : à Baguio (Philippines) en 1978, comme à Merano (Italie) en 1981, l'affrontement – très médiatisé – entre le héros national et le dissident sera chargé de symboles.

En septembre 1984, son rival est son compatriote Garry Kasparov. Par son déroulement hors norme et son issue, le match est resté célèbre. Le champion sortant prend d'abord l'avantage, remporte cinq parties (le vainqueur est le premier qui en gagne six) mais ne peut conclure, les deux adversaires accumulant les parties nulles. Au bout de quarante-huit parties jouées sur une période de cinq mois, Karpov est au bord de l'épuisement et le match est arrêté par le président de la F.I.D.E. Il reprend en août 1985, à Moscou, et voit la victoire finale du challenger – un résultat confirmé l'année suivante. En 1987, à Séville où les deux joueurs font jeu égal, puis en 1990, à New York et à Lyon, Anatoli Karpov échoue à reprendre sa couronne à celui dont il est désormais le meilleur rival.

En 1993, la rupture de Garry Kasparov avec les instances fédérales laisse le titre officiel vacant. Karpov redevient champion du monde F.I.D.E. cette année-là en battant le Néerlandais Jan Tinman et conserve son titre en 1998 devant l'Indien Viswanathan Anand. L'année suivante, cependant, il renonce à le défendre contre son compatriote Alexandre Khalifman lors d'un championnat « knock-out », nouvelle formule de type tournoi avec élimination directe inventée par la F.I.D.E.

Physiquement assez frêle, endurant toutefois, Anatoli Karpov a construit ses victoires sur un jeu positionnel dépourvu de points faibles, fondé sur l'accumulation de menus avantages, dont l'opposition avec le style flamboyant de Garry Kasparov a été abondamment – parfois exagérément – soulignée.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Bibliographie

A. Karpov, Mes Plus Belles Victoires, Économica, Paris, 1997.

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  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • KASPAROV GARRY (1963- )

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    • 1 098 mots

    Champion d'échecs russe, considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de tous les temps. Lorsqu'il naît le 13 avril 1963 à Bakou, dans ce qui est alors la République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan, Garry Kasparov s'appelle Weinstein. Son père est juif, sa mère arménienne...