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ANCIEN RÉGIME

La résistance aux interventions économiques

Celles-ci tendent à se libérer des derniers liens par lesquels la royauté tente encore d'agir sur l'économie – dans la mesure où elle a jamais vraiment pu agir sur elle. Les variations du volume des récoltes dépendent, en fait, de la nature et de ses aléas. C'est une fatalité contre laquelle on ne peut rien, sinon en pallier très partiellement les effets par des importations de grains. Tout au plus peut-on aider les municipalités urbaines à contrôler les marchés des grains, à surveiller les poids et les mesures, à comparer les qualités de pain par une série d'expériences. Le xixe siècle sera obligé de répéter ces expériences, dont aucune trace ne subsistait. Il y a enfin ce qui semble, aux yeux de tous, la panacée : interdire la libre exportation des grains en période de disette. Simples expédients, de portée somme toute limitée. Leur efficacité eût pu, probablement, être plus grande si toutes les mesures possibles avaient été prises à temps. La première moitié du xixe siècle ne fera cependant pas toujours aussi bien. L'intervention de l'État est plus active, plus précise aussi, dans les domaines du commerce, de l'industrie et des finances. Le bilan réel qui n'a jamais été dressé pour l'ensemble des trois siècles semble cependant assez mince. Pouvait-il en être autrement dans un État où les grands prêteurs d'argent ont, à toutes les époques, même à celle de Colbert, joué un rôle déterminant ? Les banques italiennes, lyonnaises et allemandes financent la politique extérieure française au xvie siècle ; Samuel Bernard et Crozat sont des figures typiques de la fin du règne de Louis XIV ; la banque protestante a suscité une grande étude récente. Il s'agit là de simples exemples parmi d'autres. Lorsque l'État veut abaisser le taux de l'intérêt, en particulier du prêt à constitut, au-dessous de 5 %, il n'y réussit guère. Nous sommes pourtant au xviiie siècle. Et si ce taux a pu être abaissé à 5 % au cours de l'époque précédente, l'explication réside beaucoup moins dans la puissance de la monarchie et l'obéissance des sujets que dans la tendance financière générale. Examine-t-on la structure réelle des sociétés commerciales, on trouve celles-ci singulièrement différentes de ce qu'exigent codes et textes législatifs. Dans les contrats notariaux provinciaux, les clauses réservant le choix du type de paiement spécifient souvent, bien avant l'affaire de Law, la totale indépendance des conditions souscrites face aux prescriptions passées, présentes ou à venir édictées par l'autorité royale. On pourrait multiplier ces exemples, même dans le domaine politique. Le roi ne peut tout voir, ses conseils sont parfois embouteillés, souvent complices.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes

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<it>Entrée solennelle de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras</it>, A. F. van der Meulen - crédits : A. F. van der Meulen/  Bridgeman Images

Entrée solennelle de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras, A. F. van der Meulen

Le cardinal Mazarin - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Le cardinal Mazarin

Le Dénombrement de Bethléem, Pieter Bruegel l'Ancien (bois, Musées royaux des beaux-arts, Bruxelles). - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Le Dénombrement de Bethléem, Pieter Bruegel l'Ancien (bois, Musées royaux des beaux-arts, Bruxelles).

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