- 1. Démographie et administration
- 2. Naissance de l'information économique
- 3. Une tentative de centralisation bureaucratique
- 4. La résistance des structures anciennes
- 5. Progrès de l'efficacité administrative
- 6. La résistance aux interventions économiques
- 7. Ancien Régime et monarchie absolue
- 8. La fiscalité
- 9. L'Ancien Régime, forme de société
- 10. L'Ancien Régime et la Révolution
- 11. Thèses en présence
- 12. Bibliographie
ANCIEN RÉGIME
Ancien Régime et monarchie absolue
Progrès et limites de l'autorité royale
Cette situation de fait est logique. Elle découle non seulement des difficultés à maîtriser l'espace, du manque d'informations statistiques convenables (seule cette information permet d'agir sur l'économique) mais, en fin de compte, de la faiblesse de l'appareil administratif. À certains égards, on pourrait caractériser l'histoire « française » depuis l'époque carolingienne comme une série de tentatives des autorités « centrales » pour créer de nouvelles formules administratives, destinées à remplacer les anciennes qui leur échappaient. Les empires et les royaumes carolingiens avaient essayé d'utiliser la hiérarchie des hommes et des terres pour en faire un instrument de gouvernement. Solution satisfaisante, mais qui dura peu. Très vite la féodalité, combinée à la seigneurie, finit par avoir raison de l'État carolingien occidental. Les invasions avaient facilité cette désagrégation. Au xvie et au xviie siècle, les créations de la royauté capétienne des xiie et xiiie siècles avaient, elles aussi, échappé en grande partie à la monarchie. Sans doute la Curia regisa-t-elle évolué normalement, en devenant de plus en plus complexe. Mais baillis et sénéchaux ont acquis en fait une assez large indépendance. Le grand problème reste, tout au long de l'époque moderne, de prolonger l'efficacité de l'autorité royale dans les plus lointaines provinces par une représentation dévouée et efficace. La solution du fonctionnaire rétribué et amovible est de loin la meilleure. Elle est d'ailleurs logique dans une économie de plus en plus monétaire. Mais elle est aussi triplement incompatible avec l'état de choses existant. En premier lieu, elle nécessiterait des finances solides. On est loin du compte. Non seulement il faut toujours parer au plus pressé, c'est-à-dire à la politique militaire, mais c'est aussi la quadrature du cercle : des finances solides supposent un corps de fonctionnaires rompu à sa tâche. En deuxième lieu, la psychologie du temps n'admet que très progressivement la nécessité et la légitimité de la délégation du pouvoir. Au xviiie siècle encore, le thème de propagande centré sur le « despotisme ministériel », l'un des plus efficaces que l'on ait jamais inventés, s'explique en définitive par le « scandale » d'un roi n'exerçant pas lui-même son autorité. En troisième lieu, la création d'un corps de fonctionnaires au sens plein du terme eût demandé la destruction pure et simple des systèmes précédents, devenus autonomes. Sans oublier qu'il fallait tenir compte des prêteurs d'argent, et liquider les dettes de l'État envers eux. Surtout, tout cela est incompatible avec la seigneurie. Il faudra trois siècles pour que les élites sociales s'habituent à cette pensée. Car représenter le roi, sous quelque forme que ce soit, monter dans l'échelle sociale, c'était aussi, tôt ou tard, aboutir à l'acquisition d'une seigneurie.
Résistances : les « lois fondamentales du royaume », les privilèges
Il y a plus grave encore. Définir l'Ancien Régime comme identique à la monarchie absolue, c'est perdre de vue que l'idée a mis longtemps à s'imposer, qu'elle a suscité de violentes résistances qu'elle n'a jamais pu totalement éliminer. La rude férule de Henri IV, de Richelieu, de Louis XIV, celle, plus pateline mais tout aussi efficace, d'un Mazarin, ne doivent pas faire illusion. Lorsque la protestation et la contestation politique deviennent, pour un temps, à peu près impossibles – en gros, de la génération de la Fronde à celle de la Régence – elles se camouflent sous le masque commode des controverses religieuses. Ce que les parlementaires conçoivent[...]
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Écrit par
- Jean MEYER : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes
Classification
Médias
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