PETERSEN ANDERS (1944- )
Fondées sur le contact humain et la liberté du regard, les photographies du Suédois Anders Petersen ont fait l’objet d’une rétrospective à la Bibliothèque nationale de France (B.N.F., Paris, 13 novembre 2013 - 2 février 2014) et d’une exposition, To Belong, à la galerie VU (Paris, 8 novembre 2013 - 11 janvier 2014).
Photographier la vie
Né en 1944 à Solna en Suède, Anders Petersen reste marqué par une expérience fondatrice : un séjour de six mois à Hambourg (Allemagne) où il est envoyé à l’âge de dix-sept ans pour parfaire son allemand. Installé dans le quartier underground de Sankt Pauli, il s’essaie à l’écriture et à la peinture, mais est initié à une autre réalité par les marginaux dont il fait la connaissance dans les bars de cette ville portuaire. Sa rencontre, en 1966, avec le photographe suédois Christer Strömholm change sa vie. Une nuit, dans le laboratoire de son école de photographie à Stockholm, Strömholm découvre ce jeune homme talentueux qui développe et tire en cachette ses négatifs. Dès le lendemain, celui qui deviendra le mentor de Petersen l’invite à suivre son enseignement. L’année suivante, il l’incitera à retourner à Hambourg photographier ceux qu’il avait tant aimé côtoyer.
Du café Lehmitz, Petersen rapportera ces images empathiques et crues qui rendent compte, sans jugement moral, des joies et des désespoirs, des étreintes et des tensions, des fragilités et des excès que vivent les êtres cabossés avec lesquels il partage son temps. « C’est là-bas, parmi ceux qui étaient en marge de la société, que pour la première fois, je me suis senti accepté tel que j’étais », confie-t-il. « On vous permettait d’être désespéré, sensible, de rester dans votre coin ou de vous intégrer à la communauté. Parmi les gens exposés aux difficultés de la vie, il y avait beaucoup de chaleur et de tolérance. »En 1970, il expose trois cent cinquante photographies de cet album de famille sur les murs du café, encourageant les clients à emporter les tirages sur lesquels ils se reconnaissent. Le livre Café Lehmitz paraît en Allemagne (1978) et en France (1979), avant d’être publié en Suède (1982).
Héritée de Strömholm, qui lui apprit tout autant l’art de la photographie qu’un certain art de vivre, son approche de la réalité est déjà contenue dans cette première série : être soi-même, lâcher prise, vivre en immersion totale avec ceux qu’il photographie. Grand humaniste investi corps et âme, Petersen assume toute sa subjectivité dans cette démarche proche de la performance.
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Écrit par
- Armelle CANITROT : journaliste et critique photo
Classification
Média