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PETERSEN ANDERS (1944- )

Chronique de l’enfermement

Chaque nouvelle série témoigne de cet engagement inspiré par son intuition et nourri par son amour pour autrui, qu’il s’agisse des images rassemblées dans son premier livre Gröna Lund (1973), sur les visiteurs d’un parc d’attractions à Stockholm, ou de la trilogie qu’il consacre aux personnes subissant l’épreuve de l’enfermement. Fasciné par les « lieux délimités où les jours sont comptés », il fréquente, de 1981 à 1983, la prison de haute sécurité d’Österaker (Fängelse, 1984). Puis durant deux années, il se rend dans une maison de retraite, tout autant pour parler, aider, participer, que pour photographier (Ragang till kärleken, 1991). « Pour que la photo soit bonne, il faut toujours avoir un pied dedans et un pied dehors, commente-t-il. Mon problème est que je finis toujours avec les deux pieds dedans ! »Consacré à un hôpital psychiatrique, le troisième volet fera l’objet, en 1995, d’un ouvrage, Ingenharsettallt/Mental Hospital.

Nombreux sont les livres liés à sa vie personnelle : Close Distance (2002), Du michauch (2002), From back home (2009), duo sur les paysages du Värmland avec J. H. Engström, ou City Diary (2012), pour lequel il reçoit le prix Paris-Photo Aperture Fondation. Chaque résidence d’artiste est aussi pour lui l’occasion d’une nouvelle publication : Soho (2011), Roma (2012) et Sète (2013). Autant d’ouvrages traversés par un même désir de sincérité et d’authenticité visant à abolir les frontières entre lui et les autres.

Une capillarité entre vie et photographie qui s’exprime jusque dans sa façon d’exposer ses photographies. Organiques, vibrantes, électriques, les images collées les unes aux autres à la B.N.F. (2013) tapissent les murs comme d’immenses planches-contacts en noir et blanc, offrant au regard un chaos de visages, de corps, d’animaux et d’objets saisis en plans serrés.

Le film documentaire À propos d’Anders Petersen, que son ancien assistant et ami J. H. Engström lui consacre en 2006, révèle aussi son absolue implication en tant qu’enseignant. « Le plus important est d’être surpris par la rencontre »,explique-t-il à ses étudiants, insistant sur la nécessité de veiller à ne pas perdre ses rêves, ses désirs et son innocence. À l’instar de ceux qu’il admire – Ed Van der Elsken, Daido Moriyama, Robert Frank… –, et de ceux qu’il inspire, comme Antoine D’Agata, Anders Petersen s’inscrit dans cette pratique du documentaire subjectif tout en ne cessant d’en repousser les limites vers le documentaire de l’intime, au risque de sa propre vulnérabilité, sans compromis. « L’instant où je prends la photo concerne aussi la proximité avec moi-même. Je veux m’approcher de l’expérience de la réalité, pas seulement la décrire. Et essayer d’être présent dans cette expérience. »

— Armelle CANITROT

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Média

<it>Café Lehmitz</it>, A. Petersen - crédits : A. Petersen/ BnF, Estampes et photographie/ Courtesy Galerie VU

Café Lehmitz, A. Petersen