Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANTOINE ANDRÉ (1858-1943)

Le premier metteur en scène moderne

L'apport essentiel d'Antoine demeure d'avoir définitivement fondé ce que l'on peut appeler « la mise en scène moderne ». Certes, pendant tout le xixe siècle, on a assisté au développement de la mise en scène. Mais c'est Antoine qui, le premier – du moins en France – est apparu comme un metteur en scène à part entière. De la mise en scène, qui devait, selon lui, « non seulement fournir son juste cadre à l'action mais en déterminer le caractère véritable et en constituer l'atmosphère », il a fait un art, « un art qui vient de naître [...] rien, absolument rien, avant le siècle dernier, avant le théâtre d'intrigue et de situations, [n'ayant] déterminé son éclosion ». Et ce metteur en scène se différencie du directeur de théâtre. Leurs fonctions sont « bien distinctes » : elles « exigent des dons presque toujours incompatibles ». Car « être directeur, d'abord, c'est une profession. Être metteur en scène ou régisseur, c'est un art. »

Affirmant la nécessité d'une « troupe d'ensemble » et proclamant que « l'idéal absolu de l'acteur doit être de devenir un clavier, un instrument merveilleusement accordé, dont l'auteur jouera à son gré », Antoine, grand acteur lui-même (de Jacques Damour au Roi Lear, son dernier rôle), n'a cessé d'exiger des comédiens une stricte discipline et leur soumission à la volonté de celui que Gordon Craig appellera « l'artiste du théâtre futur ».

Ainsi son activité couronne l'évolution de tout un siècle de théâtre soucieux de reproduire de plus en plus exactement la réalité, et provoque une véritable mutation dans cette vie théâtrale : voici maintenant le metteur en scène qui accède, après l'auteur et l'acteur, au rang de créateur. Avec Antoine en France (comme avec le duc Georges de Meiningen en Allemagne et avec Stanislavski en Russie), c'est un âge nouveau qui commence : celui, précisément, du théâtre moderne.

— Bernard DORT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle (études théâtrales), professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (dramaturgie)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • BERNSTEIN HENRY (1876-1953)

    • Écrit par
    • 386 mots

    Auteur dramatique français, fils d'un banquier israélite, Henry Bernstein connut un très vif succès dans la décennie qui précéda la Première Guerre mondiale. Découvert par Antoine, directeur du Théâtre-Libre, il débute avec une comédie : Le Marché (1905). Avec beaucoup de brutalité...

  • BRIEUX EUGÈNE (1858-1932)

    • Écrit par
    • 182 mots

    En des œuvres quelque peu didactiques, Brieux s'est attaqué aux plaies sociales de son époque. Les pièces de Brieux appartenaient au répertoire du célèbre Théâtre-Libre d'Antoine, qui eut une grande influence sur le développement du nouveau style naturaliste. La réputation de Brieux a cependant bien...

  • FRANCE (Arts et culture) - Le cinéma

    • Écrit par et
    • 11 105 mots
    • 7 médias
    ...dans l'oubli, ont été reconnus dès leur sortie ou réhabilités. Ainsi de Travail d’Henri Pouctal (1919), ou de L'Hirondelle et la Mésange qu' André Antoine avait tourné en 1920 et que Charles Pathé avait immédiatement mis au placard. L'Hirondelle n'a trouvé ses premiers spectateurs qu'en...
  • GÉMIER FIRMIN (1869-1933)

    • Écrit par
    • 454 mots

    En 1903, Péguy publie dans ses Cahiers une série d'articles de Romain Rolland sous le titre : « Le théâtre du peuple, essai d'esthétique d'un théâtre nouveau ». C'est le temps de Gémier. Ancien comédien d'Antoine et de Lugné-Poe, grand animateur qui se situe...

  • Afficher les 9 références