BOIVIN ANDRÉ (1895-1949)
Biochimiste et bactériologiste français qui fut l'un des meilleurs immunologistes de son temps. Né à Auxerre (Bourgogne), dans un milieu très modeste, il avait d'abord songé à être instituteur, mais les hasards de la Première Guerre mondiale, en faisant de lui un infirmier militaire dans un hôpital de Marseille, modifient cette orientation première. En assistant aux manipulations de ses supérieurs au laboratoire, il sent en lui l'éveil d'une authentique vocation scientifique. Dès lors, il décide de s'adonner à la recherche mais, son goût de l'enseignement restant vif, il tient aussi à demeurer un professeur. Avec une grande facilité, il passe alors son baccalauréat, fait à Marseille des études de médecine et de sciences, et entreprend, encore étudiant, quelques recherches. En 1924, il met notamment au point une technique simple pour la préparation d'une insuline purifiée. En 1927, Boivin, titulaire d'une bourse de recherches allouée par la fondation Rockefeller, part pour la faculté de médecine de Strasbourg. Là, aux côtés du professeur Nicloux, chimiste éminent, il découvre une méthode absolument générale pour le microdosage du carbone par voie humide puis diverses techniques permettant l'évaluation des composés puriques et pyrimidiques que l'on rencontre chez les êtres vivants. En 1928, il passe avec succès la première partie de l'agrégation. En 1930, ayant retenu l'offre qui lui avait été faite par le professeur Cantacuzène de réorganiser, à la faculté de médecine de Bucarest, l'enseignement de la chimie médicale, il gagne la Roumanie. Son succès, comme enseignant, est immédiat (peu d'hommes ont eu, au même degré que lui, le don de capter l'attention d'un auditoire). Mais il ne néglige pas pour autant son œuvre de chercheur. Dès 1933, son laboratoire se signale par une découverte de premier plan : celle de la nature chimique de l'antigène O. Jusqu'alors, on pensait qu'il s'agissait d'une protéine. A. Boivin, avec la collaboration de L. et I. Mesrobeanu, démontre qu'il s'agit en fait d'un complexe glucido-lipidique. Ce travail original devait ouvrir une nouvelle page en immunologie. Ses prolongements n'ont pas fini, encore aujourd'hui, de se faire sentir, aussi bien sur le plan théorique (nature et mode d'action des antigènes) que sur le plan pratique (mise au point de vaccins de plus en plus actifs).
En 1936, A. Boivin quitte la Roumanie pour entrer à l'institut Pasteur de Garches, alors dirigé par G. Ramon. Il va y rester dix années, passant de chef de laboratoire (1936-1939) à chef de service (1939-1940) et, ensuite, sous-directeur (1940). Il y mène de nombreux travaux avec G. Ramon, sur la purification des anatoxines, avec R. Sarciron, Y. Lehoult, R. Vendrely et L. Corre sur la structure antigénique des bactéries, avec A. Delaunay, J. Lebrun-Pagès et E. Lasfargues sur la phagocytose et les anticorps opsonisants. En 1946, il accepte de quitter Garches pour occuper la chaire de chimie biologique que lui offre la faculté de médecine de Strasbourg. Il commence, dans cette ville, une étude approfondie de la structure chimique et cytologique des microbes. Il se place parmi les tout premiers à regarder l'acide désoxyribonucléique comme le substratum des caractères héréditaires.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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