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BOUCOURECHLIEV ANDRÉ (1925-1997)

Sa culture était profondément enracinée dans le romantisme mais sa musique est celle d'un novateur indépendant. Tout en partageant les préoccupations des grands compositeurs de sa génération, André Boucourechliev a toujours refusé de couper les passerelles reliant la musique actuelle à celle d'hier.

Né à Sofia le 28 juillet 1925, il reçoit les bases de sa formation musicale au conservatoire de sa ville natale (1946-1949) avant de s'établir à Paris. Il poursuit ses études à l'École normale de musique, où il travaille l'harmonie avec Georges Dandelot, le contrepoint avec Andrée Vaurabourg et le piano avec Reine Gianoli. Il travaille également avec Walter Gieseking à Sarrebruck. Entre 1952 et 1960, il enseigne le piano à l'École normale de musique. C'est l'époque où il découvre le sérialisme postwébernien, qui commence à déferler en France grâce à l'enseignement de René Leibowitz. Il s'intéresse aux formes les plus novatrices de la création musicale, travaillant notamment au Studio de phonologie de Milan (1957-1959) avec Bruno Maderna et Luciano Berio, puis au Groupe de recherches musicales de l'O.R.T.F., à Paris. Sa première œuvre importante est sa Sonate pour piano (1959). Parallèlement, il s'affirme comme un des musicologues et critiques musicaux les plus avertis, collaborant, dès 1956, à la Nouvelle Revue française, puis à Harmonie et à Diapason. Il signe quelques ouvrages marquant sur des compositeurs romantiques : Schumann (1956), Chopin (1962, nouv. éd. 1996), Beethoven (1963, 2e éd. augmentée 1976).

En 1967, il termine le premier volet d'une œuvre appelée à revêtir de multiples visages, Archipel I, pour 2 pianos et 54 instruments à percussion (la version pour 2 pianos date de l'année suivante). Les formes ouvertes, qui laissent à l'interprète le choix entre plusieurs solutions, donnent à celui-ci un important rôle créateur. L'œuvre musicale est « un réseau de signes qui peuvent former des mots inconnus, des faces à reconnaître, des sens à inventer. Mais qui formera ces mots, qui découvrira ces figures, qui parlera ? Est-ce le compositeur, l'interprète seuls ? L'un a mis en œuvre les textures et les résonances possibles de langage, l'autre montre ces réseaux de signes ; ils appellent l'auditeur ». La partition ressemble à une carte nautique sur laquelle les structures musicales sont disposées en archipel. Boucourechliev approfondit sa démarche avec Archipel II pour quatuor à cordes (1968), Archipel III pour piano et six percussions (1969), Archipel IV pour piano (1970), Anarchipel (Archipel V) pour six instruments (1970-1971) et Archipel V/a-e, cinq pièces pour un instrument d'après Anarchipel (1970), une sorte de négation de la série qui mène au chaos. Chacune des partitions constituant ce cycle comporte un matériau commun à tous les instrumentistes, d'où émerge une partie prédominante qui entraîne les autres. La relation entre les instrumentistes s'opère par des repères ou signaux, physiques ou musicaux. Cette même année 1970, en hommage à Beethoven, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, il compose Ombre, pour orchestre à cordes, une partition dans laquelle semblent disparaître les barrières du temps et du langage. Un autre hommage, Tombeau « à la mémoire de Jean-Pierre Guézec » pour clarinette et percussion ou piano (1971), s'impose rapidement au répertoire de la clarinette. La très vaste culture de Boucourechliev se reflète dans les textes qu'il met en musique ou dans les références qui lui servent d'inspiration ; en aucun cas ce novateur ne coupe les liens qui le relient au passé : Thrène pour chœur, récitant et bande magnétique, sur des poèmes de Mallarmé (1973-1974), Six Études d'après Piranèse pour piano (1975), Le Nom d'Œdipe sur[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Autres références

  • IMPROVISATION MUSICALE

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