BOULLE ANDRÉ-CHARLES (1642-1732)
Créateur et dessinateur français d'ameublement, André-Charles Boulle donna son nom à une technique de placage des meubles par marqueterie d'écaille et de métal : celle-ci connut une grande célébrité dans toute l'Europe à la fin du xviie siècle et au xviiie, mais il ne l'avait point inventée et il fut loin d'être le seul à la pratiquer.
Des talents multiples
André-Charles Boulle, fils d'un ébéniste peu connu, Jean Boulle, est né à Paris. Il semble apparenté à un certain Pierre Boulle, fabricant de meubles, originaire du canton de Neuchâtel en Suisse ; cet artisan fut remarqué et devint « ébéniste du roi » en 1619. Le premier apprentissage d'André-Charles Boulle lui fut sans doute donné par son père. Plus tard, il deviendra décorateur et sculpteur sur bois à la manufacture des Gobelins, dont le directeur, Charles Le Brun, allait exercer une puissante influence sur lui. En 1664, Boulle prit un atelier dans l'enceinte du collège de Reims, près de Saint-Germain-des-Prés, ce qui lui permit de travailler comme « ouvrier libre », hors des contraintes de la Corporation des menuisiers. Il conservera cet atelier jusqu'en 1676, mais obtint le 21 mai 1672, sur la recommandation de Colbert, qui déclara à Louis XIV que Boulle était « le plus habile [marqueteur] de Paris », un logement et un atelier au Louvre, rendus libres par le décès de Jean Massé, le célèbre ébéniste et marqueteur. Il travaillera dès lors jusqu'à sa mort pour la Couronne, en tant qu'« ébéniste ordinaire du roi », tout en continuant à livrer des commandes à la clientèle privée, et conserva plusieurs années son local dans le collège de Reims, quelque temps encore après l'extension considérable de son logement au Louvre (1679).
Les talents de Boulle étaient multiples. Il est mentionné comme peintre dans les Comptes des bâtiments. Un peu plus tard, un brevet royal parle de lui comme « ébéniste, faiseur de marqueterie, ciseleur et doreur ». Très demandé, il employa dans son atelier, durant un certain temps, pas moins de trente-six aides, en plus de ses quatre fils. Boulle collabora aussi avec d'autres artisans comme Pierre Boulle et Massé le jeune. Il put aussi, occasionnellement, requérir les services de Jean I Bérain, dessinateur du cabinet du roi, qui lui fournit peut-être des dessins pour des meubles et très probablement pour de la marqueterie ; l' arabesque affectionnée par Bérain, qui y incorpore des singes et des personnages de la comédie italienne, apparaît constamment dans la marqueterie de Boulle. Outre les commandes de la Couronne et des membres de la famille royale, les clients de Boulle furent, entre autres, le Grand Condé, le roi d'Espagne, les électeurs de Bavière et de Cologne, les ducs de Lorraine et de Savoie, ainsi que des financiers comme Samuel Bernard, de Julienne et Blondel de Gergny.
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Écrit par
- Francis John Bagott WATSON : directeur de la Wallace Collection, Londres.
Classification
Médias
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