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DUMAS ANDRÉ (1918-1996)

Fils d'un médecin militaire mort en 1918, André Dumas est né à Montauban. Par sa mère, il appartient à la grande famille des Maury, qui a exercé une forte influence sur le protestantisme français depuis le xixe siècle. Après des études de philosophie et de théologie à Montpellier, Paris et Bâle, il est équipier du Comité intermouvement auprès des évacués (Cimade) dans les camps d'internement nazis en 1941-1942. Il recevra à ce titre la médaille des Justes pour son aide aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et sera membre du comité d'honneur du M.R.A.P. Très proche des préoccupations des jeunes, il devient secrétaire général de la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants, pasteur de l'Église réformée de Pau, puis aumônier universitaire à Strasbourg avant d'occuper, de 1961 à 1984, la chaire de philosophie et d'éthique à la Faculté libre de théologie protestante de Paris, institution dont il sera le doyen de 1973 à 1975. Très présent dans les milieux intellectuels parisiens, il est décédé en 1996, à La Roche-sur-Yon, des suites d'une cruelle maladie.

À la pointe des combats sans être un avant-gardiste, André Dumas s'est fortement intéressé, notamment dans la seconde partie de sa vie, aux questions éthiques. Président de l'hebdomadaire Réforme, membre du comité de rédaction de la revue Esprit, conférencier recherché en raison de sa vaste culture et de ses dons de communication, auteur de textes brillants et accessibles, il a apporté par la plume et par la parole un éclairage souvent original sur les grands problèmes de notre temps. Il prit une part importante, avec son épouse, Francine Dumas, aux débats sur la contraception et l'avortement lors du vote de la loi Veil qui légalisa en 1975 l'interruption volontaire de grossesse, et d'une manière plus générale à tous ceux qui ont tourné autour de la situation de la femme dans l'Église et dans la société.

Penseur influent, André Dumas est l'héritier, à sa manière, de Karl Barth et de Dietrich Bonhoeffer. Il consacra à ce dernier sa thèse de doctorat en théologie, défendant, contre les aspirations métaphysiques ou utopiques, l'écoute de la parole de Dieu à travers la Bible. Il a présenté d'une manière renouvelée les engagements du croyant dans une perspective résolument christocentrique de résistance à toutes les déstructurations contemporaines affectant l'homme dans sa vie psychique et sociale. Il appelait à la libre soumission à la foi en Jésus-Christ, considérée comme la seule voie possible. Professeur à l'Institut supérieur d'études œcuméniques de Paris, il a largement contribué à stimuler le dialogue entre les protestants et les autres chrétiens, sans négliger pour autant le dialogue avec les autres grandes religions. Cette remarquable figure intellectuelle, doublée d'une personnalité particulièrement attachante, a acquis une notoriété qui dépasse le cadre du protestantisme et de l'Hexagone.

On pourra consulter les œuvres suivantes d’André Dumas : La Guerre d'Algérie, Zollikon, Zurich, 1959 ; Le Contrôle des naissances. Opinions protestantes, Les Bergers et les Mages, Paris, 1965 ; Une théologie de la réalité : Dietrich Bonhoeffer, Labor et Fides, Genève, 1968 ; Croire et douter, Éditions Saint-Paul, Paris, 1971 ; Prospective et prophétie, Cerf, Paris, 1972 ; Théologies politiques et vie de l'Église, Chalet, Paris, 1977 ; Nommer Dieu, Cerf, 1980 ; Cent Prières possibles, Cana, Paris, 1982 ; L'Amour et la mort au cinéma, en collab. avec Francine Dumas, Labor et Fides, 1983 ; Protestants, Les Bergers et les Mages, 1987 ; Les Vertus... encore, Desclée de Brouwer, Paris, 1989 ; Marie de Nazareth, en collab. avec Francine Dumas, Labor et Fides, 1989.

— Philippe VASSAUX

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Écrit par

  • : pasteur de l'Église réformée de France, aumônier honoraire des armées

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