DUNOYER DE SEGONZAC ANDRÉ (1884-1974)
Peintre, graveur et illustrateur français. Artiste réaliste, il est l'héritier des Le Nain, Courbet et Millet. Peintre indépendant, lié d'amitié avec Apollinaire, Max Jacob, Raoul Dufy, Vlaminck, Dunoyer de Segonzac n'adhéra jamais à aucun des grand mouvements esthétiques du début du siècle. Son style témoigne de l'exigence d'une nouvelle sobriété chromatique et d'une grande rigueur graphique ; sa palette se limite à des teintes sombres, « spartiates », où dominent principalement les ocres, les terres, les rouges foncés.
Dunoyer de Segonzac est un excellent dessinateur. Son graphisme se caractérise par l'extrême précision du trait et par une grande concision de la forme : Isadora Duncan (1909). En 1912, il adopte la technique de la plume, qui convient mieux à l'efficacité de son trait. Ses principales sources d'inspiration sont les paysages de l'Île-de-France et du Midi représentés en hiver, saison dont le dépouillement convient parfaitement à la concision graphique et au monochromatisme de l'artiste.
L'aquarelle est pour lui un tableau à part entière. Un dessin initial à l'encre régit toute la composition et domine la couleur : Roquebrune (1946), série du Massif des Maures (1938, 1939 et 1947). Seule, la peinture à l'huile trahit une influence du cubisme dans l'exceptionnelle volonté d'organisation de la composition. Il faut noter toutefois un parti de géométrie qui tempère la sensation. Il montre une préférence marquée pour les formes massives, pour une matière compacte, et accorde plus d'importance aux valeurs qu'aux couleurs : Les Canotiers (1914), Paysage à Saint-Tropez (1927), Nature morte au pain et au vin (1936).
C'est en tant que graveur et qu'illustrateur qu'il donne libre cours à sa sensibilité : « Ma conception de la gravure est assez proche de celle que j'ai du dessin. C'est une réaction spontanée et directe devant la vie, le paysage, le mouvement, la lumière. L'eau-forte a été pour moi un complément du dessin, elle en est la sœur. » Ses estampes sont incisives, expressives : suite de La Vallée du Morin (1923), Plages (1935), Tableau de la boxe (1921). Parmi ses œuvres d'illustrateur, on citera notamment Les Croix de bois de Dorgelès (1921) et Les Géorgiques de Virgile (1944-1947). Une rétrospective de son œuvre de peintre et de dessinateur a été présentée à Paris en 1972 à la galerie Durand-Ruel.
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Écrit par
- Cariss BEAUNE : maître en histoire de l'art
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