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FERMIGIER ANDRÉ (1923-1988)

Au lendemain de la mort d'André Fermigier, son « plus vieil ami », Pierre Nora, écrivit dans Le Nouvel Observateur : « Il y avait en lui du Proust inaccompli, du Stendhal des Mémoires d'un touriste, du Larbaud amoureux du cœur frais de la France, de l'Émile Mâle et du Focillon dans la science et l'autorité du jugement, du Léautaud pour ses bêtes noires et du Cocteau dans le feu d'artifice. » Après avoir tracé le portrait de l'historien d'art, du professeur, de l'éditeur et du journaliste, Nora appelait ainsi à reconnaître en Fermigier, avant tout, un écrivain. Un grand écrivain méconnu. Non point tant, comme l'ont suggéré Nora et quelques autres, à cause d'un « art inégalé de se brouiller avec son époque, avec ses confrères et avec ses amis », mais parce que le meilleur de son talent se déploie ailleurs que dans ses livres, pourtant remarquables d'érudition et de fermeté, sur Picasso, Bonnard, Toulouse-Lautrec, Courbet et Millet. C'est dans la fièvre de la « copie » qu'il brille de tous ses feux, c'est dans les pages du Monde ou de L'Observateur, comme d'autres dans le sonnet. De ses préfaces, aussi, il aimait à dire qu'il « n'avait demeuré qu'un quart d'heure » à les faire. Rien n'était moins vrai, mais la boutade peignait l'homme, secret comme il en est peu, et définissait un style : coulant comme de source.

La gare d'Orsay - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

La gare d'Orsay

Deux recueils de ses articles ont été publiés chez Gallimard. Le premier, La Bataille de Paris (collection Le Débat, 1991), avec une préface de François Loyer, rappelle ses innombrables campagnes, admirables de clairvoyance et de pugnacité, pour la sauvegarde des Halles, de la gare d'Orsay, du patrimoine du xixe siècle, jusqu'à la grande bataille perdue contre l'érection de la pyramide de Pei, au sein de l'Association pour le renouveau du Grand Louvre, qu'il avait fondée avec Michel Guy et Bruno Foucart. Le deuxième, Chroniques d'humeur (1991), avec un avant-propos de Pierre Nora, préface et choix de Jean-Michel Gardair, fait librement miroiter le talent de l'écrivain dans son jardin secret. Un jardin aux dimensions de la France, qu'il connaissait comme personne, et de l'Italie, revisitée au moins une fois par an, avec humeur et passion, jusqu'aux lointaines Pouilles dont l'enchantaient les pâtes et les cimetières néo-classiques. Au plus secret du labyrinthe : les eaux vives de tous les livres bien aimés (Sand, Balzac, Flaubert, Zola, Maupassant) qui confluent dans le livre des livres, Proust.

Un troisième est en préparation, qui réunira les chroniques d'art d'André Fermigier.Né le 22 août 1923 et mort le 15 mai 1988 à Paris, André Fermigier avait des attaches familiales dans le Berry. Agrégé de lettres classiques en 1946, après un bref séjour au lycée de Reims (1946-1947), il occupe d'abord plusieurs postes à l'étranger : au lycée français d'Alexandrie (1947-1948), à l'Institut français de Copenhague (1948-1951), puis à celui de Florence (1951-1954). À son retour en France, il enseigne d'abord au lycée Janson de Sailly (1954-1965), puis mène une triple activité de professeur, de journaliste et d'éditeur.

Il abandonne l'enseignement, de 1965 à 1972, pour diriger la série Art au Livre de poche, avant de terminer sa carrière à l'université de Paris IV-Sorbonne (1972-1987), comme assistant, puis comme maître de conférences en histoire de l'art. Ayant renoncé à faire une thèse, il supportait mal les pesanteurs hiérarchiques de l'université, mais il savait passionner ses auditoires (nombre de ses cours étaient entièrement rédigés) et certains de ses collègues ont salué en lui une érudition digne d'un professeur au Collège de France. Il est pendant cette même période (1972-1988) responsable, aux éditions Gallimard, des classiques[...]

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La gare d'Orsay - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

La gare d'Orsay