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GEIM ANDRE (1958- )

Né le 21 octobre 1958 à Sotchi (Russie), le physicien néerlandais d'origine russe Andre Geim (Prix Nobel de physique en 2010) a passé sa prime enfance chez ses grands-parents maternels, sur le littoral ouest de la mer Noire, avant de rejoindre ses parents à Naltchik, la capitale de la république autonome de Kabardino-Balkarie au nord du Caucase. L'histoire de sa famille d'origine allemande est exemplaire des années staliniennes. Son père, professeur de physique et de mathématiques à l'université de Saratov avant le déclanchement de la Seconde Guerre mondiale, a payé le fait d'être de nationalité allemande. Interné dans un goulag en Sibérie pour construire une usine hydroélectrique, il ne put rejoindre sa famille, elle aussi déportée en Sibérie, qu'en 1949. Son grand-père maternel, Nikolai Bayer, un spécialiste de cartographie aérienne, professeur à l'université de Kharkov, fut accusé d'espionnage en faveur des Japonais et envoyé au goulag de 1946 à 1953.

Les parents d'Andre Geim occupent des postes d'ingénieurs dans une grande entreprise d'électronique de Naltchik et à ce titre vivent confortablement. À seize ans, il quitte l'enseignement secondaire et travaille dans la même usine que ses parents en attendant d'être intégré dans une grande université. Il est admis en 1976 au prestigieux Institut de physique et technologie de Moscou et y effectue toutes ses études supérieures, se spécialisant, au niveau de la maîtrise, dans l'étude expérimentale des propriétés électroniques des métaux. En 1987, il soutient sa thèse de doctorat sous la direction de Victor Petrashov, au sein de l'Institut de technologie microélectronique.

Comme beaucoup de jeunes chercheurs de sa génération, il quitte trois ans plus tard la Russie. Après plusieurs séjours en Grande-Bretagne, il devient professeur à l'université Radboud de Nimègue (Pays-Bas), acquiert la nationalité néerlandaise et encadre la thèse de Konstantin Novoselov, avec lequel il entame une collaboration extraordinairement fructueuse. En 2001, Geim est recruté par l'université de Manchester pour y diriger le Centre de mésoscience et nanotechnologie. En 2004, l'équipe de Geim et Novoselov parvient à isoler le graphène par une technique d'extraction mécanique réalisée grâce à un ruban adhésif transportant des couches de carbone d'un bloc de graphite jusqu'à un support de dioxyde de silicium. L'analyse des caractéristiques électriques de ce cristal bi-dimensionnel de carbone leur révèle l'immense intérêt de ce nouveau matériau, pour lequel ils obtiennent le prix Nobel de physique en 2010.

— Bernard PIRE

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

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