ISOIR ANDRÉ (1935-2016)
André Isoir fut l’un des acteurs essentiels du renouveau de l’orgue ancien en France, de la redécouverte de son style d’interprétation ainsi que l’un des plus ardents défenseurs de son répertoire.
Il naît à Saint-Dizier le 20 juillet 1935. C’est à Paris qu’il effectue ses études musicales dans les classes d’orgue de l’école César-Franck – où il est l’élève d’Édouard Souberbielle – puis du Conservatoire national supérieur de musique, sous la direction de Rolande Falcinelli. En 1960, le premier prix d’orgue et d’improvisation lui est décerné à l’unanimité. En 1965, il remporte le premier prix du concours de Saint Albans en Grande-Bretagne. Trois ans de suite, en 1966, 1967 et 1968, il est vainqueur du concours de Haarlem (Pays-Bas), remportant ainsi – il est le seul Français à réaliser cet exploit depuis la fondation de cette compétition en 1951 – le trophée du Challenge. Sa carrière professionnelle avait débuté sur les bords de la Seine dès l’adolescence. Il sera maître de chapelle et titulaire du grand orgue de Saint-Médard (1952-1967), puis co-titulaire de la tribune de Saint-Séverin (1967-1973) et enfin titulaire à partir 1973 du grand orgue de Saint-Germain-des-Prés.
Son parcours professoral n’est pas moins riche. Après avoir enseigné l’orgue à Angers pendant treize ans, il est appelé par le conservatoire d’Orsay (1978-1983) puis par celui de Boulogne-Billancourt (1983-1994). Il y forme de nombreux disciples, parmi lesquels on peut citer notamment Jean Boyer, Jean-Louis Gil, Liuwe Tamminga, Frédéric Desenclos, Michel Bouvard, François Espinasse et Pascale Rouet, qui publie en 2010 un ouvrage intitulé André Isoir, histoire d’un organiste passionné.
Membre de la commission des orgues des Monuments historiques, il s’investit tout autant dans l’évolution de la facture de son instrument que dans la restauration des orgues anciennes. On lui connait peu d’œuvres personnelles : 8 Miniatures pour orgue, 3 Pièces pour 2 guitares et orgue, 3 Pièces pour alto et piano, Complainte pour piano, Tango pour clarinette et piano, et surtout Variations sur un psaume huguenot, qui obtient en 1974 le prix de composition des Amis de l’orgue.
André Isoir nous laisse une vaste discographie – plus de 60 enregistrements salués par plusieurs grands prix du disque – qui s’étend de Buxtehude à Rouget de Lisle, Lefébure-Wély, Franck, Widor et Jehan Alain. Elle est dominée par deux monuments enregistrés par le label Calliope et réédités par Dolce Vita. L’intégrale de l’œuvre pour orgue de Jean-Sébastien Bach est réalisée de 1975 à 1999 sur des orgues signés Grenzing (Saint-Cyprien-en-Périgord), Westenfelder (Fère-en-Tardenois, Esch-sur-Alzette), Ahrend (Frankfurt-Nordweststadt, Saint-Lambert-d’Aurich) et Gaber (Weingarten). Elle est digne de figurer aux côtés de celles que nous ont offertes Helmut Walcha, Marie-Claire Alain et Michel Chapuis. Autre incontournable sommet, Le Livre d’or de l’orgue français, achevé en 1976, qui fait appel à des instruments construits par Koenig (Sarre-Union, Angers), Clicquot (Houdan, château de Fontainebleau, Poitiers), Kern (Saint-Séverin), Isnard (Saint-Maximin) et Haerpfer-Erman (Saint-Germain-des-Prés). Cette remarquable anthologie met en vedette la dynastie des Couperin, Clérambault, de Grigny, Guilain, Corrette, d’Anglebert, Dandrieu, Du Mage, Lebègue, Jullien, Marchand et Titelouze. Improvisateur né, André Isoir unit élégance de l’ornementation et finesse de la registration dans une diction à la fois simple et limpide. Un clavier alerte, spirituel et léger sait exprimer tour à tour les élans d’une joie sans mélange et le calme apaisé d’une infinie sérénité intérieure.
André Isoir meurt à Paris le 20 juillet 2016.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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