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JOLIVET ANDRÉ (1905-1974)

Une recherche solitaire

La richesse et la complexité de l'œuvre d'André Jolivet placent son auteur dans une position isolée. Loin de toute école, cet instinctif a cherché sa voie en solitaire, éclairé par les révélations sonores de Varèse et s'appuyant sur une parfaite connaissance des formes classiques. Sa musique est construite mieux que toute autre ; elle est aussi plus difficile que toute autre car le compositeur était toujours en quête d'un usage nouveau pour chaque instrument.

Le jeune André Jolivet se détache d'abord du système tonal pour retrouver, dans un langage incantatoire, les sources antiques de la musique. Il n'en adopte pas pour autant le système dodécaphonique dont s'éprennent alors tous les jeunes compositeurs, car il lui reproche d'étouffer les résonances naturelles de la musique. Son Quatuor à cordes (1934) est la première manifestation de cette esthétique ; il est suivi de Mana (1935), cycle de pièces pour piano qui suscite un article enthousiaste d'Olivier Messiaen et révèle le jeune compositeur au monde musical. Jolivet publie ensuite les Cinq Incantations pour flûte seule (1936), Incantation pour ondes Martenot (1937), Cosmogonie pour orchestre (1938) et Cinq Danses rituelles pour piano (1939), orchestrées par la suite. Les bases de son langage sont alors jetées et c'est autour de cette «  atonalité naturelle » qu'il construit une « manifestation sonore en relation directe avec le système cosmique universel ». Il abandonne les procédés traditionnels de l'écriture polyphonique et crée une dynamique de la sonorité qui complète une nouvelle conception du rythme déterminée par le lyrisme, par le déroulement des phrases musicales : langage complexe où l'instinct joue un rôle essentiel et grâce auquel Jolivet ne se laissera jamais enfermer dans un système, la forme étant toujours pour lui au service du « chant de l'homme ».

Avec la guerre, il découvre la nécessité de parler une langue plus directe, qui le rapproche du public auquel il veut transmettre son message ; cette époque est marquée par un grand lyrisme : Trois Complaintes du soldat (1940), Symphonie de danses (1940), Dolorès, opéra bouffe (1942), Suite liturgique (1942), Guignol et Pandore, ballet créé à l'Opéra de Paris (1943), Chant de Linos (1944). Pour la Comédie-Française, il compose de nombreuses musiques de scène dont certaines, remaniées, s'imposent au concert parmi ses œuvres majeures (Suite liturgique, Suite delphique, Suite transocéane).

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

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