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KERTÉSZ ANDRÉ (1894-1985)

Le bonheur à Paris

En 1925, Kertész arrive enfin à Paris. Il se lie aux artistes venus de l'Est qui se retrouvent à Montparnasse au café du Dôme, fréquente les ateliers, réalise des portraits et, très vite, devient connu. Il collabore à de nombreux magazines illustrés, tant en France qu'en Angleterre et en Allemagne et, dès 1927, expose à Paris à la galerie Le Sacre du printemps. Il rencontre Brassaï, émigré hongrois comme lui, qu'il initie aux techniques de la photographie de nuit, devient l'ami de journalistes, d'écrivains et de peintres importants. 1928 sera pour lui une année capitale. Kertész achète l'un des premiers Leica importés en France et ce petit appareil, léger et très maniable qui correspond tellement bien à sa manière spontanée d'aborder les scènes qu'il remarque et l'éphémère des sensations, multiplie ses possibilités. Au même moment, Lucien Vogel crée Vu, hebdomadaire illustré d'un ton totalement nouveau, qui fait largement appel aux meilleurs photographes en leur laissant une très grande liberté pour traiter les reportages qu'il leur confie. Kertész sera, jusqu'en 1936, l'un des principaux collaborateurs de ce magazine d'exception.

Paris, A. Kertesz - crédits : Frac-collection Aquitaine

Paris, A. Kertesz

Les musées allemands collectionnent déjà les épreuves du jeune photographe hongrois, Julien Lévy l'expose à New York dans la galerie où se succèdent Chagall, Matisse, Mondrian et Picasso ; Pierre Mac Orlan écrit en 1934 la préface de l'album J'aime Paris qui fait suite à d'autres petits livres, Kertész est lancé. Élisabeth Saly est venue le rejoindre, il l'épouse en 1933 et, pour lui, Paris est synonyme de bonheur et d'accomplissement, de liberté et de réussite. Mondrian et Colette, les danseuses, le Luxembourg, les toits et les lumières de Paris l'enchantent. Partout il découvre des anecdotes et des points de vue qu'il fixe dans le rectangle du papier sans jamais verser dans les rigueurs démonstratives des écoles allemandes. On sent, dans toutes les images parisiennes, une volonté de construction graphique qui sait ce qu'elle doit aux recherches du Bauhaus de Dessau, mais traversée d'une liberté et d'une respiration poétique très personnelles ; toujours l'émotion prime sur la forme. Dans une fourchette posée sur le rebord d'une assiette comme dans le portrait de Magda, image déstructurée d'une danseuse sur un canapé, dans une vue plongeante de la passerelle des Arts à travers l'horloge de l'Institut comme dans le simple graphisme aux matières sensuelles d'un caniveau dont l'eau affleure les pavés de la rue, Kertész fait la démonstration de son attention, de sa maîtrise et de la modernité de son regard. Il réalise aussi une grande série de nus, « distorsions » jubilatoires de corps dans des miroirs déformants qu'il utilise pour parcourir toute la gamme des possibles du grotesque au contemplatif, de l'esthétisme le plus pur à l'étrange le plus provoquant. Sa célébrité lui vaut un nombre considérable de propositions, dont celle de l'agence Keystone qui lui offre un contrat d'un an à New York. Après avoir longuement hésité, Kertész, accepte : ce sera, pour lui et pour Élisabeth, une année sabbatique.

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Paris, A. Kertesz - crédits : Frac-collection Aquitaine

Paris, A. Kertesz

<it>La Martinique, 1<sup>er</sup> janvier 1972</it>, A. Kertész - crédits : Courtesy Attila Pocze, Vintage Galéria, Budapest

La Martinique, 1er janvier 1972, A. Kertész

Autres références

  • ANDRÉ KERTÉSZ (exposition)

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